POLOGNE

République de Pologne
Capitale : Varsovie
Superficie : 312 677 km2
Population : 38 400 000 hab.

Historique (1994)

Les Polonais n'éprouvent pas de difficultés dans l'ensemble, à se définir comme tels, du fait qu'ils constituent une nationalité bien typée, linguistiquement et culturellement. Aux Slaves orientaux et orthodoxes à l'Est et aux Germains luthériens à l'ouest, ils s'opposent par la langue et la religion. Des Lituaniens dont ils partagent le catholicisme romain, ils diffèrent sur les plans linguistique et culturel. Des Tchécoslovaques enfin, ils s'écartent par la langue et surtout par la mentalité que des siècles d'histoire divergente ont différenciées.
Le territoire polonais apparaît aujourd'hui comme compact et humainement homogène pour l'essentiel. Cependant, il faut bien admettre qu'il ne possède pas une profondeur historique bien grande, les frontières de la Pologne ayant beaucoup varié au cours des siècles, lorsqu'elles n'étaient pas purement et simplement rayées de la carte.
De ce fait, elles sont en même temps contestées de l'extérieur et de l'intérieur, par leurs voisins, par les Polonais eux-mêmes.

Il est vrai que les bouleversements géopolitiques consécutifs à la défaite de l'Allemagne nazie, se traduisirent pour la Pologne par des modifications de taille. Celle-ci récupéra grosso modo à l'ouest, au détriment de l'Allemagne, ce que l'Union soviétique lui arrachait à l'est. Le remodelage des frontières alla de pair avec la déportation massive de populations :

Propositions

Il serait probablement hasardeux et sûrement injuste ou inconséquent de revenir à la situation ayant précédé la Seconde Guerre mondiale. Cependant, on aurait tort de ne pas rompre les tabous existant en ce qui concerne les frontières polonaises car trop de contentieux pèsent sur les rapports entre la Pologne et ses voisins, nuisant ainsi à son développement économique, culturel et démocratique.

1) A l'est, la ligne tracée par Lord Curzon à la demande des Alliés, en vue d'appliquer leur politique des nationalités, ne servit pas en 1919. Bien qu'elle tranchât de façon objective, juste et réaliste au milieu de populations très mélangées, la Pologne ne s'y conforma pas et annexa les territoires plus à l'est à l'issue de la guerre russo-polonaise de 1920. Les Soviétiques reprirent ce tracé à leur compte en 1945. Il y a tout lieu de ne pas y toucher, les minorités résiduelles de chaque côté pouvant être réduites dans le cadre d'un échange pondéré de populations : Polonais de Biélorussie et Ukraine contre Biélorusses et Ukrainiens.

2) Au sud, la question de Cieszyn / Tesin a été réglée définitivement en 1958, avec les TchécoSlovaques.

3) C'est à l'ouest que le blocage psycho-politique est le plus grand, à propos des anciens territoires allemands de Poméranie et de Silésie, ainsi qu'au nord-est, en ce qui concerne l'ancienne Prusse-orientale . L'enjeu n'est pas simplement territorial : sur ces régions pèse le poids de mille ans d'affrontement germano-slave. C'est toute la représentation respective que se font de leur nation Allemands et Polonais, qui est en question. Pour les uns comme pour les autres, il convient d'admettre afin de pacifier durablement cette région, les deux évidences suivantes :

De ces deux approches doit naître l'idée d'une restitution partielle mais plus que symbolique, de territoires allemands : au nord-ouest, le triangle Stettin / Szczecin - Kolobrzeg - Landsberg / Gorzow et au sud-est, la zone Zagan - Jelenia Gora, incluant la portion de pays sorabe sous administration polonaise.

Une longue période transitoire de co-souveraineté germano-polonaise permettrait la réintégration d'une partie des expulsés, peut-être l'intégration d'une petite part des Polonais germanisés de Silésie mais surtout celle des citoyens soviétiques de souche allemande rapatriés. Plus tard, ces zones seraient réincorporées à l'Allemagne. En revanche, on peut imaginer à titre de compensation et de réparation historique, la cession à la Pologne du sud-ouest de la région de Kaliningrad, présentement russe, autrefois prussienne et allemande. Toutefois, cette cession ne devrait intervenir que dans le cadre d'un réglement global des contentieux entre Allemands, Polonais, Lituaniens et Russes. La minorité lituanienne autochtone des environs de Suwalki devrait pouvoir être échangée avec un nombre équivalent de Polonais de Lituanie, les plus gros contingents d'entre ces derniers rejoignant la partie nouvellement polonaise de la région de Kaliningrad.

4) Par ailleurs, une fois redimensionné l'aspect externe de l'identité polonaise, reste à redéfinir sa dimension interne. Libérée et décrispée à l'égard des États voisins, la Pologne doit entreprendre une décentralisation réelle qui permettrait l'intégration harmonieuse de ses populations les plus divergentes : les Kachoubes des environs de Gdansk et les Slovinces de Poméranie, reliquats en partie assimilés d'un autre peuple slave occidental; les Mazures luthériens et germanisés de l'ancienne Prusse-orientale ; les Hauts-Silésiens, eux aussi germanisés. Ces communautés doivent voir leur identité régionale et culturelle reconnue et respectée ainsi d'ailleurs que doit l'être celle des communautés allogènes résiduelles.

La Pologne démocratique ne pourra qu'être renforcée si elle affronte avec clairvoyance, réalisme et détermination, les tabous et les peurs qui la paralysent. Et si elle ose relever les défis du pluralisme culturel, elle y gagnera également une intégration plus rapide à l'Union européenne.

Jean-Louis Veyrac 1994

Voir aussi :
Allemagne, Biélorussie, Kaliningrad, Russie, Slovaquie, Tchéquie, Ukraine,

carte

tableau des populations, ethnies, langues, religions

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