Région (oblast) de Kaliningrad, à la Russie.
Capitale : Kaliningrad
Superficie : 15 100 km2
Population : 800 000 hab.
Portion septentrionale de l'ancienne Prusse orientale allemande, la région de Kaliningrad, autrefois Koenigsberg, a été autoritairement rattachée à la Russie en 1945 par les Soviétiques. Les bouleversements consécutifs à la chute des régimes communistes n'ont pas modifié le statut de ce petit territoire malgré sa non contigüité géographique avec la Fédération de Russie.
Du fait du redéploiement actuel des forces militaires russes, sa position sur les bords de la Baltique lui confère une évidente valeur stratégique. Cependant, revendiquée par ses voisins, la Pologne et la Lituanie, par son ancien possesseur, l'Allemagne, ou même par un peuple sans territoire ni patrie, les Tsiganes, le sort géopolitique de cette région n'est nullement tranché et paraît donc susceptible de connaître des évolutions.
Si l'on se base sur le peuplement actuel à nette prédominance russe, les Bas-Allemands autochtones ayant été chassés en 1945, Kaliningrad devrait rester à la Russie.
Si l'on considère les droits de la majorité des anciens habitants, Lituaniens non compris, elle devrait être restituée à l'Allemagne.
De fait, on assiste présentement à la résurrection d'une présence allemande en ces lieux. En effet, en 1941, devant l'avance des armées nazies,les Allemands dits de la Volga, furent à titre de prévention dispersés en Asie centrale par les Soviétiques. Après la guerre, leur ancien statut ne fut pas rétabli, ce qui en pratique correspondait à une punition collective. Aujourd'hui, ces Allemands en route vers l'Ouest, transitent par Kaliningrad avant d'émigrer en Allemagne. Certains cercles politiques, réalisant la mauvaise volonté de la Russie démocratique à restaurer la région autonome allemande de la basse Volga (région de Saratov), envisagent de fixer cette population autour de Kaliningrad. A terme, l'Allemagne pourrait réintégrer ce territoire dans le corps de la nation ou en partager la souveraineté avec la Russie.
Ces deux visions, la russe comme l'allemande, somme toute logiques et raisonnables, font toutefois abstraction d'une réalité. L'influence positive des deux grands peuples ne peut s'exercer véritablement que si les conditions de la sécurité collective des États environnants est assurée durablement.
Or, aucune de ces solutions ne peut rassurer ni la Pologne ni la Lituanie, qui ont eu trop à pâtir du fait des impérialismes de leurs puissants voisins. En outre, la nation russe, et l'allemande bien avant elle, est probablement entrée dans une phase durable de rétraction et de concentration démographique-spatiale dont il faut tenir compte.
Devant l'incertitude politique régnant à propos de ce territoire, l'idée d'y créer un territoire national pour les Tsiganes est sympathique. Mais elle semble pour le moins largement impraticable et il vaut mieux lui préférer une solution hungaro-roumaine.
Pendant quelque temps, le transit par Kaliningrad des Allemands de la Volga peut être vu comme servant de palier à un rapatriement progressif de cette minorité en Allemagne.
Cependant, à plus long terme, c'est le partage à part égale entre Pologne et Lituanie qui, dans le cadre d'un réglement global des contentieux de cette région d'Europe orientale, est seul de nature à vider totalement les abcès de fixation que sont les représentations géopolitiques opposées de tous ces États.
Cette voie permettrait entre autres choses, d'aplanir le différend lituano-polonais sur la minorité de langue polonaise des alentours de Vilnius. L'installation de l'essentiel de cette communauté à la place des Russes, résoudrait une affligeante controverse. Les Lituaniens, quant à eux, récupéreraient un territoire qui fut leur anciennement et où résident encore au moins 20 000 d'entre eux.
Jean-Louis Veyrac 1994
Voir aussi :
Allemagne, Pologne,
Roumanie, Russie