République de Finlande
Capitale : Helsinki
Superficie : 377 000 km2
Population : 5 000 000 hab.
Séparés par les populations de langue slave des autres ethnies ouraliennes, (Magyars d' Europe centrale et Ouraliens), les Finnois, avec leurs cousins Saame, sont très nettement caractérisés sur les plans linguistique et culturel par rapport à leurs voisins, les Scandinaves germaniques (Suédois et Norvégiens), les Baltes (Lettons et Lituaniens) et les Slaves orientaux (Russes et Biélorusses).
Ne connaissant l'indépendance que depuis 1920, la Finlande a pratiquement toujours vécu sous le joug étranger. Longtemps suédoise, du XIIe au XIXe siècle, son territoire fut grignoté par les Russes au XVIIIe qui l'annexèrent en totalité en 1808, lui conservant toutefois un peu de l'autonomie dont elle jouissait sous la monarchie suédoise.
Idéalement placée pour contrôler la mer Baltique, elle fut l'objet de la convoitise des Russes, tsaristes puis soviétiques, qui n'eurent de cesse d'y installer des bases militaires.
État-tampon à partir de 1945, liée à la Russie par un traité d'amitié (qui la neutralisait militairement), mais conservant un régime capitaliste et démocratique, la Finlande a su habilement tirer son épingle du jeu à la charnière de deux blocs et de deux mondes.
Destabilisée économiquement par l'effondrement du grand voisin soviétique, elle garde cependant un pouvoir d'attraction non négligeable sur les populations de souche et de langue finnoises qui l'entourent.
1 - Bien que très minoritaires dans leur République de Carélie, membre de la Fédération de Russie, quoique orthodoxes alors que les Finlandais sont en majorité écrasante luthériens, les Caréliens finnois envisagent favorablement leur rattachement à la mère patrie.
Propositions
Il ne peut toutefois intervenir si la Carélie n'est pas remodelée et amputée de larges portions de territoire à dominante russe ou slave, notamment à l'est et au sud.
Au nord-ouest de Saint-Pétersbourg, dans l'isthme de Carélie, la région de Viipuri / Vyborg, vidée en 1945 de ses habitants finnois, expulsés par les Soviétiques au nombre de plusieurs centaines de milliers, doit naturellement être rétrocédée à la Finlande, sinon en totalité, du moins Viipuri et ses alentours. Ce ne serait que justice.
Il faut par contre considérer comme acquise la russification de la région de Saint-Pétersbourg que le tsar Pierre le Grand construisit dans une zone peuplée par les Ingriens, Vepses et Votes, appelés collectivement Tchoudes par les Russes. Ceux-ci ont pratiquement disparu, absorbés par la population russe qui a afflué dans ces parages depuis le XVIIe s. Les quelques milliers de ces Tchoudes résiduels, en partie russifiés, devraient être autorisés à émigrer en Estonie, où ils prendraient la place de Russes retournant, eux, en Russie.
2 - L'Estonie, quant à elle, est de langue finnoise, l'este étant l'un des trois dialectes avec le suomi et le carélien qui forment celle-ci.
La fédération de ce petit État avec la Finlande semble correspondre à ses intérêts les plus évidents : que ce soit à cause de ses affinités avec cette dernière ou du fait de sa possible intégration à l'Union européenne, (à laquelle adhérera prochainement la Finlande), l'Estonie n'a guère d'autre perspective géopolitique attirante. Cependant, il lui reste à résoudre au préalable le problème que lui pose sa forte colonie russe et slave qui hypothèque pour le moment son indépendance et son avenir.
Face à un impérialisme russe aux griffes rognées mais toujours menaçant, l'union pan-finnoise rééquilibrerait utilement les rapports de force dans cette région d'Europe, sans pour autant représenter une quelconque menace pour la Russie qui aura toujours besoin de ce pont idéal dans ses relations avec l'Occident.
A l'intérieur de ses frontières, la Finlande englobe deux fractions de nationalités.
Les Suédois, au nombre de 300 000, sont concentrés dans les différents archipels jouxtant le pays et sur les rivages leur faisant face, dans les régions de Vaasa et de Turku-Helsinki.
Dotés d'un statut libéral, ces Suédois sont parfaitement autochtones et le principe de territorialité doit leur être appliqué.
Ceux des îles Aaland, archipel proche de la Suède, jouissent depuis 1921 d'un enviable statut d'autonomie ethnique, (tout comme les îles Féröé, autonomes elles, au sein du Danemark), cet archipel est en fait un État semi-indépendant, qui siège séparément au Conseil Nordique réunissant l'ensemble des pays scandinaves.
Le statut des îles Aaland doit être étendu aux autres zones suédoises en attendant leur rattachement à leur État national. La Suède, en contre-partie, cèderait à la Finlande une zone en deçà du Cercle polaire, où vivent environ 2 000 Finnois (région de Haaparante / Haparanda).
Quant aux 6 000 Saame, parents pauvres et méprisés par les Finnois, ils redressent progressivement la tête, l'État leur reconnaissant petit à petit la jouissance de leurs droits collectifs, tant sur le plan économique que culturel et linguistique.
Dans le futur, la tutelle quadripartite de l'ensemble des Saame de Scandinavie par la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie permettra de leur concéder un territoire et une citoyenneté transfrontalière et de les établir ainsi durablement comme membres à part entière de la communauté internationale.
Tant pour renforcer les liens d'amitié avec les Suédois, pour installer les Saame dans leurs droits naturels que pour réaliser l'union pan-finnoise avec les Caréliens et les Estes, il semble approprié que la Finlande mette en place des structures fédératives.
Ce faisant, elle montrerait l'exemple à suivre, aussi bien à l'Union européenne qu'elle s'apprête à rejoindre, qu'à la Russie dont elle ne peut se passer. Ainsi finlandisation cesserait d'être un terme associé à une période d'équilibre sur la corde raide et de sujétion larvée, souvent mal perçu à l'étranger, pour devenir synonyme de respect et d'amitié entre petits et grands peuples.
Jean-Louis Veyrac 1994