Avec la Roumanie, le traité de délimitation de la Dobroudja en 1941 n'a jamais vraiment été remis en question car il était très correct. Il n'a laissé au nord de celle-ci que quelques îlots bulgares très éloignés de la frontière dont la situation ressort du statut des minorités non territoriales .
Avec la Serbie, composante dominante de la République fédérale de Yougoslavie, un contentieux important existe qui porte sur un certain nombre de districts de la Serbie orientale. Deux étaient reconnus comme bulgares par l'ancienne Yougoslavie, ceux de Bosilegrad et Dimitrovgrad; ils pourraient donc être rattachés à la Bulgarie sans condition.
Plus délicate est la question de l'appartenance des districts torlaques, peuplés par les Bulgares serbisés de la région de Nich. Si se faisait jour chez eux un sentiment ethnique et national bulgare, un statut d'autonomie nationale devrait leur être concédé par les Serbes, préliminaire indispensable avant leur rattachement à la Bulgarie. Leur actuel chauvinisme serbe est le fruit du refoulement de leur véritable personnalité ethnique; il entrave bien évidemment la libre expression de cette dernière.
Avec la Grèce, les frontières doivent être revues et corrigées au détriment de cet État qui englobe de notables minorités bulgarophones, orthodoxes mais aussi musulmanes-pomaques. Les minorités habitant les zones frontalières de la Macédoine doivent évidemment être d'abord rattachées à ce pays quel que soit le futur de celui-ci; celles vivant en Thrace, seront, elles, directement rattachées à la Bulgarie. Cependant, il y a lieu de rejeter catégoriquement tout rêve bulgare d'un accès direct à la mer Egée.
Du côté de la Turquie, la Bulgarie pourrait abandonner ses prétentions justifiées sur la région d'Edirne encore partiellement peuplée de Bulgares en échange du rapatriement progressif de 800 000 Turcs. A l'inverse, les Bulgares et Pomaks turquisés résidant dans l'État turc gagneraient la Bulgarie.
Ces différents processus auraient pour corollaire la mise en place par l'État bulgare de structures fédérales, souhaitables pour faciliter l'union avec la Macédoine. D'autre part, s'impose une stricte application du droit des minorités ethniques et religieuses, particulièrement en ce qui concerne les importantes communautés tsigane et turque. Ce sont là les conditions nécessaires à la réalisation et à la réussite de la réunion de tous les Bulgares.
Jean-Louis Veyrac 1994
Voir aussi :
Grèce, Macédoine,
Roumanie, Yougoslavie