République de Moldavie
Capitale : Chisinau
Superficie : 33 700 km2
Population : 4 335 000 hab.
Les Moldaves ne se distinguant en rien des autres Roumains, l'avenir logique de la Moldavie devrait être le rattachement à une grande Roumanie, dont elle fit partie de 1919 à 1940, avant d'en être séparée par les Soviétiques. Ceux-ci étaient en effet désireux, à la suite du pacte hitléro-stalinien, de revenir aux anciennes frontières de l'empire tsariste, celles établies en 1812 lors du traité de Bucarest conclu avec les Ottomans.
Cette aspiration à la réunification est largement partagée des deux côtés du Prout qui marque la frontière entre frères roumains mais elle se heurte à l'opposition virulente des minorités allogènes (Ukrainiens, Russes et Gagaouzes). Ces dernières ont même tenté de constituer des territoires séparés : les Républiques de Transnistrie, à l'est, et de Gagaouzie, au sud.
Préférant éviter l'affrontement avec ses voisins ukrainien et russe, l'État moldave s'est lancé dans la surenchère particulariste et tend à se différencier au maximum de l'État roumain co-national.
Pour asseoir sa légitimité historique, il se réfère à la situation ayant précédé la formation de la petite Roumanie en 1859, c'est à dire la séculaire coexistence de deux principautés : la Moldavie et la Valachie. A ce titre, il entend bien sûr récupérer la Moldavie intégrée à la Roumanie actuelle.
Malgré la forte identité ethnique unissant les deux rives du Prout, une telle politique peut aboutir. Ce sera un aboutissement logique si la Roumanie ne fait pas montre d'un plus grand libéralisme à l'égard de ses minorités ethniques, territoriales ou non ni d'un réel esprit décentralisateur à l'égard de ses diverses régions géographiques et historiques. Le marasme économique, social, culturel et politique dans lequel elle se débat n'est, de toutes façons, nullement propice à la maturation des ferments de l'unité.
Si cette unité roumano-moldave est tout aussi justifiée que celle des deux Allemagnes, il convient pour la réaliser que les deux États roumains trouvent avec l'Ukraine voisine un modus vivendi.
Pour parvenir à celui-ci, un règlement des divers problèmes frontaliers liant ces trois pays doit être envisagé.
Les frontières doivent être remodelées, non pas par rapport à celles fluctuantes du passé mais sur la base des implantations ethniques actuelles, voire récentes.
D'évidentes concessions sont à faire de part et d'autre, incluant de possibles regroupements limités de populations .
Ainsi l'Ukraine devrait récupérer la Transnistrie plus riche moyennant la rétrocession du Bujak, zone méridionale plus étendue et où vit encore une importante communauté roumaine.
De la sorte l'éventualité d'une union pan-roumaine serait posée dans des termes plus sains.
Le jeu trouble mené dans cette affaire par la Russie, au nom de sa propre minorité coloniale, relève de pratiques impérialistes d'un autre âge. Impliquer fortement les Ukrainiens et plus lointainement les Gagaouzes dans une politique visant à conserver les acquis du tsarisme, consolidés par le communisme, relève d'un machiavélisme condamnable, ces trois minorités n'ayant en fait pas de perspectives communes à long terme.
Unie ou pas à la Roumanie, la Moldavie doit évidemment faire une place à ses minorités et leur accorder une juste et libérale tutelle. Outre le règlement territorial moldavo-ukrainien qui diminuerait logiquement les effectifs de la minorité ukrainienne, il faut vivement souhaiter qu'un transfert vers la Russie réduise fortement la part de la minorité russe.
En ce qui concerne les Gagaouzes, leur maintien sur place est concevable comme serait aussi envisageable leur transfert et regroupement en Crimée, dans le cadre d'un règlement du différend russo-ukrainien et tatar sur ce territoire.
Jean-Louis Veyrac 1994
Voir aussi :
carte de la Roumanie,
Ukraine, Roumanie