François Fontan (1929-1979), dorigine occitane (gasconne), fut le théoricien de l'"ethnisme dit aussi humanisme scientifique. Cette pensée politique accorde un rôle historique fondamental aux ethnies, regroupements humains distingués principalement par leur particularité linguistique.
Ayant élaboré cette théorie au cours des années 1950, Fontan publie, en 1961, à compte dauteur, "Ethnisme. Vers un nationalisme humaniste", son ouvrage de base. Celui-ci trouve rapidement un écho auprès de régionalistes, fédéralistes et autres partisans des minorités nationales dEurope occidentale.
Guy Héraud entre en contact avec Fontan après la lecture d"Ethnisme..." Né en 1920, enseignant le droit à luniversité de Strasbourg, il est, lui aussi, dorigine occitane (provençale) et favorable à une ethnopolitique. Demblée, les deux hommes sont, pour lessentiel, sur la même longueur donde. La libération des ethnies du monde est désormais, leur cheval de bataille commun.
Mais une divergence fondamentale les oppose sur les moyens à mettre en oeuvre pour que les ethnies accèdent au plein épanouissement de leur personnalité nationale. Fontan croit que ce progrès passe par lindépendance totale de chaque ethnie qui entretiendrait un maximum de relations avec les autres. Héraud pense, lui, que lémancipation de chacune sera favorisée par lassociation avec dautres ethnies au sein dune structure fédérale supra-étatique, seule capable dendiguer les tendances néfastes des nationalismes.
Avec linformation sur les ethnies, la discussion des frontières et les avancées des mouvements nationalitaires, cest ce débat qui assurera la dynamique de la correspondance entre Héraud et Fontan.
Cette correspondance, est livrée Ici, dans toute son originalité. Une centaine de lettres de Guy Héraud sont confrontées à seulement une dizaine de missives de François Fontan. Ce déséquilibre est dû au fait que les courriers de Fontan se trouvent présentement dispersés dans les volumineuses archives du professeur Héraud. Celui-ci a bien voulu cependant mautoriser à commencer cette publication. Il est entendu que les lettres que le professeur viendrait à retrouver dans ses papiers seront insérées, le cas échéant, à leur place chronologique.
Cette correspondance séchelonne de 1962 à 1979. Aux lettres originales émanant de Héraud, sauf une, photocopiée, font face les brouillons de Fontan, à une époque où son courrier était tapé à la machine (1966-1969).
Je remercie M. Guy Héraud pour ses encouragements et son précieux concours ainsi que Ben Vautier pour son soutien logistique.
Cet échange épistolaire éclairera sans doute d'un jour nouveau la génèse d'une idée politique éminemment pertinente et dactualité. Témoignant dune époque bien révolue, cette correspondanoe, quoique amicale, ne répugne pas à la confrontation des Idées. Elle est une pierre blanche dans le champ, quil conviendrait de labourer régulièrement, dune histoire des mouvements nationalitaires à la fin du XXème siècle.
Conformément à la législation, toute reproduction partielle ou complète de cette correspondance en vue dun usage public devra faire lobjet dune autorisation préalable.
1962
Strasbourg, le 18.1.62, Guy Héraud à François
Fontan
Strasbourg, le 15.4.62, Guy Héraud à François
Fontan
Strasbourg, le 4.6.62, Guy Héraud à François
Fontan
Toulouse, le 16.8.62, Guy Héraud à François
Fontan
Strasbourg, le 26.11.62, Guy Héraud à François
Fontan
1963
Strasbourg, le 6.2.63, Guy Héraud à François
Fontan (nouveau)
Firenze, le 27.5.63, Guy Héraud à François
Fontan (nouveau)
Strasbourg, le 14.6.63, Guy Héraud à François
Fontan (nouveau)
Strasbourg, le 27.6.63, Guy Héraud à François
Fontan (nouveau)
Toulouse, le 24.8.63, Guy Héraud à François
Fontan (nouveau)
Fréjus, le 28.8.63, Guy Héraud à François
Fontan (nouveau)
Strasbourg, le 12.10.63, Guy Héraud à François
Fontan (nouveau)
Monsieur François Fontan,
Montpellier
Monsieur,
Un ami de Montpellier ma signalé votre ouvrage "Ethnisme",
que jai commandé, reçu, et déjà lu. Il mintéresse
extrêmement, car, bien quétant de formation juridique, jai
une prédilection pour les questions ethniques; je les enseigne dailleurs
en doctorat avec un cours "Les ethnies et le principe national", ainsi
quau Collège universitaire (fédéraliste) du Val dAoste
que des amis et moi avons fondé lan dernier. Ce qui est exaltant
à vous lire, cest de voir combien des esprits méditant sur
de mêmes problèmes finissent par découvrir exactement les
mêmes réalités. Jusquau tracé des frontières
ethniques, jusquaux noms que vous employez. Je les avais pour ainsi dire
pareillement proposés. Il ny a que des différences minimes:
la part belle faite à la nation gaélique dIrlande et à
la nation gaélique dEcosse (cela déborde largement le domaine
de lerse), le cordon par lequel vous reliez, à hauteur de Salurn,
les Rhéto-Romans de Suisse à ceux du massif de Sella, et aux Frioulans.
Je naurais guère donné que "Bonifaciu" à
la Sardaigne, fait passer au dessus (altitude et non latitude) de Suse, cest
à dire en deçà, la frontière italo-occitane. Je
me serais demandé sil ne fallait pas faire une Allemagne du Nord
distincte de la Néerlande (car le sächsisch nest pas le fränkisch,
fût-ce du niederfränkisch comme le néerlandais). Vous considérez
les Kachoubes comme éteints : peut-être avez-vous raison.
Je vous approuve de faire descendre lAllemagne jusquà Gressonney
et Issime. Je pense que vous distinguez les Feroë de lIslande. Faut-il
abandonner à la Finlande les quelques communes (dont une ville) monolingues
suédoises de la côte sud-occidentale ? (le même problème
quen Irlande)
Où malheureusement nous sommes en désaccord, ce nest pas
sur votre "charte des ethnies" (excellente), mais sur votre antifédéralisme.
Nous narriverons pas à réaliser ce que vous me permettrez
dappeler "notre" programme, sans une fédération,
dabord à 6, puis européenne, puis mondiale. Seul lhomme
sage, la société de saints pourrait se passer du pouvoir politique.
Dailleurs ne le maintenez-vous pas dans chaque état ethnique ?
Comment alors assurer lordre, la justice et la paix entre les ethnies
? Comment, sans fédération européenne, briser le carcan
des Etats actuels ? En tout cas je suis de cur pour le critère
linguistique (mais, si je puis dire, "subjectivisé" : il faut
que les populations, éduquées, se rendent compte de limportance comme cause, ou comme signe , de la langue, et occupent elles-mêmes
ce critère). Je crois pouvoir dire que nos buts sont les mêmes.
Il y a donc espoir que nous nous entendions aussi sur les moyens.
Je vous prie dagréer, Monsieur, lexpression de ma considération distinguée.
Guy Héraud
PS : Jai signalé votre ouvrage à mes étudiants,
lai fait acheter par notre bibliothèque, et lai signalé
à la revue "Europa Ethnica" que vous devez connaître:
Wien (IX) Servitengasse 5 (revue dont je suis co-éditeur) et également
au Prof. DAMI, 16 rue de lEcole de Médecine Genève, grand
spécialiste de ces questions.
Reste-t-il des Lives en Lettonie ? et des Tatars en Crimée (depuis la
"liquidation" de ceux-ci) ?
Ne faudrait-il pas rattacher à la "Circassie" (Tcherkessie)
lilôt des Adighés ? Pourquoi la Bachkirie nest
pas une ethnie ?
Ny a-t-il pas, entre Circassie et Ossétie, des Kabardo-Balkares
dorigine turco-tatare ?
Croyez-vous que les "Perses" du Daghestan le "soient plus que
les Ossètes" que vous traitez distinctement ? Ou est-ce à
cause de la liaison par mer à la Perse ?
Bravo de défendre les Kurdes!
Cher Monsieur,
Je vous remercie pour votre longue lettre circonstanciée du 16 avril
qui ma beaucoup intéressé. Dirigeant cette semaine à
Grenoble un stage fédéraliste, je trouve, loin de chez moi et
des sollicitations innombrables, le temps et le plaisir de vous répondre.
La position ethniste est forte ; mais nous sommes trop peu nombreux à
lapercevoir. Il faudrait poser le problème en termes scientifiques,
parvenir à une démonstration scientifique des corrélations
langues-ethnotypes. Paul Griéger vient de frayer la voie à lethnopsychologie.
Cest là la direction.
Jai remarqué quant à moi ceci :
On oppose la conception subjective et la conception objective de la nationalité
(division en "2"). Je proposerais une distinction en "3"
:
1 critère objectif "physique" : histoire, race, position géographique, langue, etc.
2 critère objectif psychologique : ethnotype
3 critère subjectif : expression dune certaine volonté dappartenance.
Et je dirai que la profession dethnie (critère subjectif), qui
correspond aujourd'hui à un acte arbitraire, devrait être scientifiquement
motivée, c'est-à-dire seffectuer en toute connaissance de
lethnotype (critère objectif psychologique). Autrement dit : un
peuple est ce quil est. Il ne peut pas modifier son ethnotype. Il est
mauvais en conséquence que par une arbitraire profession dethnie
(à base le plus souvent de complexes) Il se prenne pour ce quil
nest pas et se rattache à une communauté qui nest
pas, en nature, la sienne. Ainsi je revalorise le critère objectif (psycho-objectif).
Mais je maintiens que les peuples doivent se décider librement : librement,
mals informés. On verra alors le critère subjectif saligner
sur le psycho-objectif.
Quant aux rapports entre le critère 2 et le critère 1, nous sommes
daccord quoique cela mériterait damples échanges
de vue : cest avec la langue que lethnotype coïncide le mieux
(cause, effet, corrélat ? ...cest toute la question, mais cela
ne change rien à cette constatation). Toutes les fois quil y a
discordance entre langue et volonté, cest dû, soit au défaut
dinformation scientifique des populations, soit à lexistence
de situations privilégiées (les Suisses romands p. ex.), soit
au manque de courage des populations.
Cela dit, et concernant la France, laction occitanlenne (merci pour lenvoi
de la documentation) me paraît presque désespérée.
Tant dOccitans se font les agents de lEtat jacobin français
! Lesfargues a publié une intéressante note sur ce phénomène
de colonisation. Trop peu dOccitans parlent encore les dialectes. Et il
manque une langue. Je sais quon y travaille. Mais je maintiens catégoriquement et je mexcuse dinsister que nous narriverons à
rien sans la fédération européenne. Il ny a quun
pouvoir supranational qui puisse détendre lextrême centralisation
actuelle, et porter secours, par-dessus iEtat de la nation dominante aux
nations dominées.
Que le fédéralisme vous semble, par ailleurs, présenter
des dangers, cest un autre problème. Le point de vue économique
est aussi important que le premier (lethnique). Cependant je ne crois
pas que les périls que vous signalez soient liés au fédéralisme
: les trusts germano-américains ? Sans fédéralisme, nous
les supporterons aussi. La fédération, au contraire, assurera
un contrôle démocratique, qui fait défaut aux Communautés
technocratiques actuelles. Et cest en affrontant le dynamisme étranger
que se réveilleront et se réveillent déjà nos
économies en torpeur.
Dautre part nous ne sommes pas simplement "fédéralistes",
mais fédéralistes Intégraux. Létude scientifique
montre ici aussi quil existe une "économie pour lhomme",
fondée sur létude de la psychologie véritable dont
le libéralIsme et le marxisme ne constituent que des cas particuliers
(doctrines fondées sur des postulats homo economicus p. ex. ou conception
ouvriériste de la valeur "travail"). Selon les stades de lévolution,
le planisme et la libre initiative, ou un mélange des deux, apparaissent
successivement répondre au mieux aux situations (Investissements, stimulation,
personnel, consommation, etc.). Le fédéralisme intégral,
quon pourrait aussi bien appeler socialisme libertaire, naccepte
pas plus la domination économique que la domination ethnique et le régime
policier.
Jaimerais discuter avec vous en détail votre carte des ethnies,
le temps me manque ; il vous manquerait aussi pour me lire. En tout cas, j'accepte
presque tous vos principes de découpage, p. ex. la reconstitution des
parcelles récemment assimilées. Je tiens aussi la contiguïté
comme un idéal ; mais je nirai pas jusquà lassurer
dans tous les cas le cas rhéto-roman est typique. Le cordon ombilical
que vous tracez à hauteur de Salurn / Salorno empiète sur des
régions qui sont allemandes et italiennes depuis plus de mille ans. Et
Il nest pas très "utile" du point de vue des communications
réelles. Mais cest un détail. Comment se fait-il que Pristina
ne soit pas en Albanie, alors que cest la capitale du Kosmet albanais
? (Peut-être la capitale et sa région sont aussi peu albanaises
que Vilnius est lituanien !). Y a-t-il, du biélorusse au russe, plus
grand écart que du tchèque au slovaque ? Quant au critère
de la langue, je me demande bien si cest lintercompréhension
: un Tchèque comprend un Slovaque, un Béarnais ne comprend pas
un Provençal ! Les 10 000 Slovinces de la région de Leba (ex-cercles
dAllemagne) ont-ils disparu ? Un professeur polonais massure que
non. Le slovince, du groupe kachoube, est lui, incontestablement original. (Et
les Slovinces ne formeraient pas enclave ; du moins, je ne crois pas)
Vous devriez accepter un jour de venir à lun de nos stages C.l.F.E.*
(comme celui de Grenoble). Occasion de se rencontrer et de discuter du fédéralisme.
Comme la fédération de toute façon se fera, il faudrait
être plus nombreux à la vouloir ethnique. (Tous mes amis sont daccord
pour la protection des langues, mais pas pour la coïncidence des frontières
intérieures avec celles-ci).
Abonné à l'"Encyclopaedia Britannica", je puis faire
effectuer gratuitement des enquêtes sur les sujets les plus divers. Si
vous aviez besoin dune information ethnique, posez mol la demande et je
la transmettrai (une, et même plusieurs).
La limite de lOccitanie passe, je crois, au sud de Leucate. Un morceau
des P. O. est occitan. Quant à la belle région de Nice que vous
habitez, est-il si facile de dire quelle est occitane et non pas Italienne
? Le Var nest-il pas la vraie frontière ?
Je vous prie dagréer, cher Monsieur, lexpression de mes sentiments les meilleurs.
Guy Héraud
PS : La "Voix dAlsace-Lorraine" signale votre livre, et indique
la librairie Sauramps, à Montpellier. Vous savez que ce journal, à
cause du complexe alsacien, na que peu de lecteurs, pas de publicité,
et que la plupart des articles y sont anonymes. Ce quil dit pourtant est,
ma foi, fort honnête. Et ce ne sont que des régionalistes.
* C.l. F. E. Centre international pour le fédéralisme européen
Cher Monsieur Fontan,
Rentré à Strasbourg, je vous envoie comme promis les numéros
d'"E. Ethnica" (donnés) et le tiré à part sur
Occitanie I Basse-Allemagne (prêté).
Au Congrès de Florence sur les régions, laspect ethnique
a été systématiquement passé sous silence, même
dans le rapport sur la Bretagne de M. Philipponeau. Et il a fallu que je rappelle
que 4 des 5 régions italiennes avaient un contenu ou du moins un aspect
ethnique. Les orateurs qui se gargarisaient de régionalisme ne lavaient
pas dit !
A Dijon ethnie française , admirable allant, intransigeance, fermeté
des Wallons.
Je vous donne ces adresses:
M. Ch. Becquet, Président de la Fondation Charles Plisnier, 118 rue Beekman, Bruxelles-Uccle
M. le professeur F. Périn, Faculté de Droit, Liège, auteur dun excellent livre "La Belgique au défi", partisan de labandon de Bruxelles
M. le professeur Meurice, rue Deperée, Huy (province de Liège), idem (partisan de labandon de Bruxelles)
M. le député Massart, Beez (prov. de Namur), rattachiste
Si vous aviez des prospectus de votre livre, la Fondation Plisnier en placerait
beaucoup.
Excellente impression des Jurassiens : Béguelin, Schaffler.
Dans une interview qui passera sur les ondes françaises, belges, canadiennes,
suisses, jai parlé de votre livre; mais je nai pu malheureusement
donner votre adresse.
Rencontré M. Domec, de Rouen qui vous a en amitié et estime. Il
placerait aussi des prospectus, si vous en aviez.
Jai rappelé votre adresse à Herrn Veiter, d'"E. Ethnica".
Un seul mauvais point au congrès dAoste : un traître valdôtain
a réussi par ses intrigues à obtenir ladhésion de
son mouvement dissident à la FUEV*. Tous les patriotes valdôtains
le désavouent et je suis obligé quelle perte de temps ! à
réhabiliter la FUEV auprès deux.
Bien cordialement,
G.H.
PS : Jai fait passer à Dijon, le "droit dautodétermination".
Ce nest pas votre critère, mais cest quand même, tactiquement,
un progrès révolutionnaire !
* FUEV : Foderalistische Union Europaischer Voiksgruppen I Union fédéraliste des communautés ethniques européennes
Cher Monsieur,
Vous vous souviendrez sans doute de ce que nous avons pris contact par lettre,
il y a quelques mois.
Devant passer par Nice à la fin du mois (le 30 ou le 31), je viens vous
demander sil serait possible que nous nous y rencontrions. Le mieux pour
moi serait la fin daprès-midi et la soirée. De Nice, je
continuerai, le lendemain matin, vers le Val dAoste où nous avons
notre Collège détudes fédéralistes. Jy
donne un cours sur les ethnies.
Jen profite pour vous dire que le fédéralisme seul nous
sépare. Quant aux ethnies, je suis fondamentalement daccord. Mais
nous sommes en un sens des précurseurs et risquons de nêtre
guère compris.
Je vous prie dagréer, cher Monsieur, lexpression de mes sentiments
les meilleurs.
G.H.
Guy Héraud
Campagne de Bonfin
FREJUS (Var)
Cher Monsieur,
Merci pour votre longue, et comme toujours, intéressante lettre du 20
dernier. Je me réjouis de vous savoir de nouveau à pied duvre.
M. Lesfargues mavait donné de vos nouvelles ; tout cela nous a
peinés.
Il faudrait évidemment discuter de vive voix. Je tiens quant à
moi le fédéralisme, non pour réactionnaire ou réformiste,
mais pour révolutionnaire. Fédéralisme nest pas européisme.
Ladoption dune charte fédéraliste au dernier Comité
central du MFE* indique que la décantation sopère entre
deux tendances (qui navaient à vrai dire, philosophiquement, rien
de commun). Comme vous, je pense que leuropéisme est voué
à léchec. Mais la dialectique fédéraliste,
cest tout autre chose, et nous prenons un nouveau départ. La "tendance"
fédéraliste (est-Il besoin dajouter "intégrale"
?) est représentée au C. I. F. E. et au Collège du val
d'Aoste. En ce qui concerne les personnes, cette tendance est socialement fort
à gauche ; mais ethniquement, on ne paraît me suivre que du bout
des lèvres : tels amis belges dextrême gauche volent au secours
de lunité belge... Avec le temps, jespère que tout
cela se clarifiera.
Pourquoi je suis fédéraliste et non inter-jacobin :
1 Parce que si lethnie (et la classe qui est provisoire de même que la famille) est beaucoup, elle nest pas tout. Il y a une communauté humaine générale, et des communautés régionales, auxquelles on doit accorder leur dû. Il faut un minimum de structures institutionnelles pour gérer les intérêts à ces niveaux-là ; en particulier, une police mondiale (et avant, comme étape, une armée européenne).
2 Parce que lethnie comporte elle-même une diversification interne : régions, villes. Je suis très hostile à lhyper concentration, fruit du jacobinisme ; de quel droit sacrifier la Lorraine ou la Normandie à la seule Île-de-France ?
Je vous rejoins culturellement : je suis "anti-patois", car lethnie disparaît si on laisse sémietter et sabâtardir la langue ; mais politiquement et économiquement, je valorise la région.
Cela dit, voici quel serait un schéma doctrinal :
En gros, 3 niveaux institutionnels :
1 monde (provisoirement et stratégiquement : Europe)
2 ethnies
3 régions (toutes mono ethniques)
Deux échelons "lourds" : monde et régions (police,
économie, techniques)
Un échelon "léger" : l'ethnie : à compétences
culturelles (radio, TV, cinéma, édition, enseignement uniforme,
universités autonomes en tant quuniversités, mais mono
ethniques , académies, musées, etc.).
La "légèreté" de cet échelon ne veut
pas dire que je le trouve secondaire ; dans la hiérarchie des valeurs,
il prime. Sa "légèreté" tient à son caractère
proprement intellectuel et spirituel.
Nous pourrions aussi engager un dialogue sur les problèmes de stratégie
ou de tactique. Votre inter-nationalIsme est à base de justice. Vous
êtes de ce point de vue beaucoup plus proche des fédéralistes
que des "nationalistes". Hormis le juste combat pour lindépendance,
tout "nationalisme" tire le drap à soi, violente et détruit
les "nationalismes" plus faibles. (Ne faisons pas de terminologie
: je suis prêt à réserver le mot "nationalisme"
à de plus nobles usages le tout est de sentendre).
Jai expédié vos questions, aujourdhui même,
à "Encyclopaedia Britannica" ; Il y aurait beaucoup à
dire sur le principe de "restitutio in integrum" des ethnies dominées
; tout à fait daccord sur le principe, je ne vous suivrais pas
dans lensemble des applications : pour moi, le Tyrol du Sud tout entier sauf les vallées du Gader- et Grodnertal : ladines est bel et bien
allemand et doit le rester. Salurn au demeurant ne peut pas faire communiquer
les Rhéto-romans dest en ouest : la vallée, encaissée,
est une vole nord-sud. Je ne vois pas dailleurs pourquoi vous excluez
les enclaves. Pourquoi dans un ordre policé une ethnie ne pourrait
pas être enclavée dans une autre ? Pourquoi une ethnie ne serait
pas en deux, ou plusieurs, morceaux ? Certes, ce nest pas lidéal
; mais cest mieux quand les choses se présentent ainsi, que de
supprimer l'ethnie (Bouriates p.ex.) ou de désarticuler les autres pour
établir un raccordement. Les Ladins du Tyrol du Sud, et surtout les Frioulans,
sont à certains égards linguistiquement fort loin des Romanches
du Rhin.
Le stage de Montmin (près Annecy) 13-23 décembre, en principe
réservé aux jeunes, coûte 6000 anc. frs, en raison de sa
durée. Les droits dinscription ne sont en général
que de 2000 anc. frs et le voyage est remboursé à 40%. Je vous
fais adresser le programme des prochains stages.
Je serai très heureux si vous voulez bien passer par Strasbourg.
Veuillez agréer, cher Monsieur, lexpression de mes sentiments les
meilleurs.
Guy Héraud
11, rue de la Brigade A. L
Strasbourg
* MFE : Mouvement fédéraliste européen
11, rue Brigade A-L
Cher Monsieur Fontan,
Jai vu qu'"Enbata" vous présentait, de façon
fort sympathique, et je men réjouis. Ils nont p as pris méchamment
le fait que vous limitiez Euzkadi aux territoires parlant euscarien, actuellement
ou depuis moins de cent ans.
Jai, au contraire, bien involontairement, froissé les Bretons en
limitant la Bretagne à la zone bretonnante. Ils mont dailleurs
mal compris ; car mon critère suprême est lauto-disposition.
Les gens doivent décider ce quils veulent, mais je fais personnellement
campagne pour le critère linguistique - à quelques exceptions
près. Je crois en effet que dans une société économiquement
et démocratiquement homogène, le seul clivage social-global est
celui de la langue et de la culture.
Jajouterai aussi de lethnie au sens propre. Il me semble bien que
vous-même excluez de la France, les Antilles et la Réunion. Et
ce nest pas, je précise, que vous les considériez caraïbes
(car le caraïbe est éteint depuis plus de 100 ans !), ni parce que
les gens parleraient "créole". De même le Libéria
- dont les premiers habitants, au moins, ne parlaient quanglais - ne fait
pas partie de lethnie anglaise. Votre critère serait donc ethnico-linguistique.
À fouiller votre carte, je me demande si du féroïen à
lislandais, il ny a pas plus loin que du slovène au serbocroate.
De même, du finnois à lestonien. Je séparerais donc
les Féroé (et lEstonie) de lIslande (et de la Finlande).
Et les slavisants maffirment que le slovaque est aussi distinct du tchèque
que le biélorussien du russe (à propos, où avez-vous trouvé
ce terme, fort utile, de "khrivitche" ?).
Je me demande aussi si le maltais ne peut pas figurer comme langue à
part.
Vous avais-je parlé du kachoube et du slovince que Meillet distingue
du polonais - alors même quil considère comme polonais, le
mazurien.
Reste-t-il des Lives ? Je le souhaite ; si oui (et suivant Meillet), jen
ferais un groupe distinct de lestonien.
Autre (grande) question. Vous avez peut-être vu dans les derniers "Europa
Ethnica", larticle de Pierre Naërt et la carte : il considère
le franco-provençal (que jappellerais "burgonde") comme
distinct. Je trouve personnellement que les gens et les villes de la région
St Etienne-Lyon-Grenoble-Genève-Besançon diffèrent de la
zone doïl (plus "nordiques", accent mis à part, à
certains égards).
Mon mouvement spontané est de conserver la division en deux oïl-oc.
Mais quand je parle à des Valdôtains - et sans que l'italianisation
y soit pour rien -, je constate que ce sont, par laccent, de purs méridionaux.
Mes étudiants sont intéressés par votre livre - qui, naturellement,
les choque. Pourtant lobservation, la réflexion mavaient
conduit, avant même que je vous lise, à la thèse de lexploitation
ethnique. À laffrontement inter-"national" (entre ethnies-Etats),
sajoute laffrontement intra-"national" (entre lethnie-Etat
et les ethnies dominées).
Une question : vous vous dites jacobin; ne ferez-vous donc pas de place au régionalisme
intra-ethnique ? Il me semble que lorsquon a obtenu lhomogénéité
linguistique, il ny a quavantage à laisser se développer,
fédérés au niveau de lethnie, une pluralité
de centres économiques et culturels. Exemple : Occitanie = fédération
des régions: Gascogne, Tolosane, Limousin, Auvergne, Provence...
Je suis personnellement fédéraliste inter- et intra-ethnique.
Dans mon livre, j'en rabats un peu avec mes propres conceptions - pour raisons
tactiques - et propose une Europe-fédération de régions
monoethniques, celles-ci se regroupant par ethnies pour la gestion des affaires
culturelles. Mes préférences vont bien sûr à une
fédération des ethnies, les ethnies étant elles-mêmes
intérieurement fédéralisées.
L'"Encyclopaedia Britannica" ne ma pas encore répondu.
Pour ce qui est du danois en Suède, des Danois questionnés ignoraient
le fait. La proximité des langues ou lancienneté de loccupation
ont dû assimiler ces régions.
Je regrette que vous vous refusiez à admettre des ethnies discontinues.
Dune part, cela vous oblige - Rhétie - à réunir très
artificiellement certains morceaux ; dautre part, cela vous conduit
à sacrifier les Frisons non-insulaires dAllemagne, et dautres
groupes encore, numériquement importants parfois.
Vous vous êtes attaqué à gigantesque entreprise avec votre
action occitane ! Je ne crois pas quun Allemand tente jamais la même
chose pour la "Néerlande". Partout lOccitanie existe
bien - non seulement par laccent, mais aussi par lethnotype -, et
même - ou surtout - quand les gens nen ont pas conscience. Le Béarn
seul, présente des traits assez fortement différenciés
(anthropologiques et psychologiques), la Gascogne aussi, mais amoindris. Jattribue
cela à lhérédité mixte, basco-ibère
pour une bonne part. Cela me porterait à faire à Euzkadi des largesses...
mais les Béarnais ne "marcheraient" pas.
M. Dami vous appuie en ce qui concerne Belfast >>> Ecosse. Comme la
région est totalement anglicisée, je pense quil vaut mieux
la laisser à lAngleterre ou la donner à lIrlande.
Tactiquement - et sentimentalement -, je suis pour cette dernière solution.
Je serais heureux aussi de restituer Byzance à la Grèce.
Y a-t-il un mouvement sarde, autre que régionaliste ? On ne parle
jamais du sarde, et le statut dautonomie ne fait pas plus mention de la
langue que celui du Frioul-Vénétie julienne ne parle du dialecte
frioulan.
Puis-je encore espérer vous voir à Strasbourg ? Avec mes sentiments
les meilleurs,
G. Héraud
[PS]
MM. Bec et Lesfargues sont bien négligents. Cela fait un an que jattends leurs articles promis sur la Catalogne et lOccitanie pour "E. Ethnica". Pourriez-vous, si vous les voyez, le leur rappeler ? Merci.
Les dialectes piémontais, ligure, lombard et émilien sont aussi loin du toscan que du français.
Savez-vous que Djerba est une île juive ? Les Shetland ne sont-elles pas anglicisées depuis 100 ans ?
[sur carte postale] Firenze, 27.5.63
Cher Monsieur,
Je sens que si jhabitais Nissa, je discuterais avec vous, des mois entiers,
sur ces questions de frontières. Vous êtes le premier avec lequel
je sois de cur su totalement daccord (sauf à donner à
la Rhétie, les plus beaux villages allemands !). Réserve aussi
sur le principe "pas denclaves". Vous biffez ainsi des ethnies
de la carte, et dautres - peut-être moins importantes ou intéressantes
- sont sauvées par pur hasard (frontière avec deux pays).
Ce qui presse, cest que vous fassiez imprimer un prospectus dune
page sur "Ethnisme". Nous lenverrons à trois cent adresses.
(Et je laurais distribué ici !) Dans ce congrès sur les
régions, quel conformisme ! Un rapporteur sur la Bretagne ne dit rien
de la langue bretonne. ldem dun autre sur la Sardaigne. Lethnisme
est comme un mal honteux. Vous bondiriez !
Dit-on "Burdeu", Avignun", "Marsiho", "Clermunt"
? Et "Occitanio" ? Amitiés.
[Pas de signature]
[PS]
Ecrivez à G. Buratti (Biella I Ch.)
Quid de Haiti ? Ethnie française? Le créole nest pas une langue.
Les Pays-Bas (fränkisch) ne sont-ils pas distincts des pays "sassisch" ?
[Croquis représentant la région de contact entre les langues allemande, rhétique et italienne dans le Trentin-Tyrol du Sud]
Cher Monsieur,
La jonction rhète ne peut se faire que par la NOCE-AVISIO.
Larticle de Riedl ("die Alpenromanen") indique quil y
a des "restes de ladinité" dans les vallées du Pejo
et du Rabbi (à louest de lAdige) et dans le Fleimstal (val
di Flemme) à lest.
Si vous y tenez, je vous prêterai cet article ; ou bien je vais demander
à lauteur de vous envoyer un "séparé".
Au XVIème siècle, lallemand descendait jusquà
Lavis.
Tischlwang (Timau en italien) est une commune allemande ditalie qui touche
la frontière de Carinthie (au pied du Plöckenpass ou Passo di Croce
Carnico).
A Bladen (Sappada en italien), lallemand est vivace. Par Forni-Avoltri
(où il a disparu il y a quelques décennies), Bladen se rattache
aussi à lAutriche.
Jai des précisions actuelles sur la région dArlon,
si cela vous intéresse.
Appartiennent à laire allemande, du nord au sud Martelange, Nobressart
(Eichelbroodt), Hachy (Herzig), Habergy (Heverding), Autange (Ibingen).
Malgré son nom, Meix-le-Tige est français. depuis quand ? Je ne
saurais le dire. De même Rochecourt (Rösig) et Halanzy.
Avez-vous lu "La langue occitane" de P. Bec ? Cest intéressant,
mais je ne suis pas daccord sur tous les points (1).
Avez-vous vu les résolutions du Congrès de Dijon ? Peut-être
vous en ai-je parlé déjà.
M. Gustavo Buratti nous a envoyé un message en faveur des Provençaux
ditalie. Il a lui-même assisté à un Congrès
occitan à Muret, ce qui la empêché de venir à
Dijon.
Bien cordialement,
G. Héraud
[PS]
Vous savez quau Luxembourg : { Tarchamps. Watrange. Harlang. Soulez. Doncols } (deux communes) sont français, ainsi que (dans langle S-W du pays) la localité "La Sauvage", fraction de commune.
(1) Sa thèse a/s du catalan est la thèse classique, bien différente de la vôtre. Il a tort de suivre Tagliavini qui, en bon Italien, annexe le rhéto-roman au groupe italoroman. Il devrait aussi considérer le piémontais, le lombard comme des dialectes gallo-romans.
(1bis) Il ny a pas d'"alsacien-lorrain" ; sa carte de la zone allemande est erronée au détriment du français.
27 juin
Cher Monsieur Fontan,
Jai pris le plus vif Intérêt à vous lire et je vous
admire de faire tout ce que vous faites dans les conditions difficiles qui sont
les vôtres. Que ne feriez-vous pas si vous aviez les moyens ? Il ne faut
pas vous donner la peine de me répondre, ce qui me donne plus de liberté
pour vous écrire.
Je serai sans doute vers la mi-août à Fréjus auprès
dOmraam Mikhaïl Aïvankov. Nous pourrons ménager, ici
ou là, une rencontre.
1) Le Congrès des Régions était un congrès académique. Au MFE[*], il y a une aile - Alsace, Wallons, Flamands, Bretons, etc - qui devient de plus en plus ethnisante. Mais il y a aussi, et je le reconnais, une autre aile hostile. A peine de me répéter, je ne vois pas comment vous allez faire tenir lune à côté de lautre vos ethnies souveraines, harmonieusement et pacifiquement. A moins que lhomme ne soit devenu angélique; et là alors, la parole est à Omraam Mikhail Aïvankov que je vous conseille de rencontrer. Je crois à cela : mais ce sera pour plus tard ; peut-être pour lan 2000 ; en dehors en tout cas du contexte politique et de toute la tradition historique. Une Fédération nest hégémonique que si un Etat y domine : Prusse, Russie ; non si 3 ou 4 pays forts sy équilibrent : Berne, Zurich, Vaud ; Rhénanie-Nord, Bavière; New York, Californie. Mais laissons cela !
2) a) Occitanie : oui, écrivez sans tarder à Buratti. Il est généreux, désintéressé et riche, Il peut vous recevoir à Biella et vous aider de cent façons. Il consacre tout son temps aux ethnies. Cependant il reste à former ; il ne veut pas toucher aux frontières, parce quil croit plus habile et plus commode de ne pas le faire ; il na pas compris quune ethnie a besoin de lindépendance - ou de légalité fédérale - pour se défendre et se sauver. En tout cas, cest le grand spécialiste de lOccitanie outre-monts. Il vous mènera en voiture partout où vous voudrez.
Jai lu : Burdews, Clarmunt, Morselyo (mieux que "Morse/lo", Avixun ou Owixun ? (mieux quAviñiun). Evitez ces signes diacritiques compliqués et qui "extranéisent" notre langue; je suis contre le "l" barré et contre le tilde.b) Je ne sais pas moi-même quand mon interview a passé ; probablement un jeudi matin sur France III ; mais jétais tout le temps en voyage ! En tout cas, je parle de votre livre à toute occasion ; et mon livre va en répercuter lécho. Maître Vonfelt va vous lacheter. Le plus objectif et intransigeant à la fois des Wallons est le prof. Françols Périn, Fac. de Droit, Liège. Pour se borner aux têtes de file. Il est jeune ; les plus vieux tiennent à Bruxelles. Je proposerai un compte-rendu de votre livre à la fondation Plisnier et à dautres revues. Ces prospectus seront très utiles, vraiment.
Bonne chance - sans ironie ! - pour vos négociations Nos tactiques sont antipodiques, mais le but (ultime) est le même.c) Pardon davoir mal compris votre doctrine a/s des ethnies enclavées mais alors, où est le principe des "2 frontières" ? Remarquez que jaime mieux cela. Daccord pour remonter jusquà la dernière période stable. Cela prive dune partie de leur intérêt mes renseignements sur Arlon (Arel).
d) Kloss est un puits de science. Un partisan engagé des ethnies. Mais je crois quil nie autant l'occitanisme que le néerlandisme. En tout cas, il peut vous trouver des répondants en Basse-Allemagne. Deconinck et les Flamands pourraient jouer le rôle déveilleurs.
e) "Harlange, Tarchamps, Doncols, Soulez" est puisé dans A. MeilletTesnières 1928.
Mes données sur Arel viennent dune proposition de loi Deconinck que reproduit "Der Wogweiser", Eupen, Schulstr. 14, organe des Allemands de Belgique.
Voici les détails: Aubel néerlandais (sens étroit), sauf le hameau die Klaus, allemand (néerlandais sens large), à rattacher à Heinrichskapell
le sud de Heinrichskapell est français (>>> Clermont)
le nord de Clermont est plattdeutsch (Vlamerie) >>> Heinrichskapell
la bande S-O de Baelen est française (>>> Bilstain)
au S-O de Membach, il y a une bande française (>>>Jalhay)
le N-O de Robertville (qui touche la frontière de la Rép. fédér. dAIl.) est allemand (>>> Elsenborn)
Beho (Bochholz) allemand, sauf Comanster français (>>> Bovigny)
lest de Fauvillers et lest dAnlier sont allemands (>>> Martelingen)
Halanzy, Meix-le-Tige et Rochecourt sont français ; cependant le N-E de Halanzy est allemand (>>> Ibingen / Aubange).Larticle ne parle pas expressément de Hachy, mais attribue tout larrondissement dArel à lAllemagne (sauf exceptions ci-dessus) ; or linterprétation de mes cartes conduit à penser que Hachy relève dArlon. Cependant votre objection (Fouches, Sampont) est impressionnante. Je vais me procurer une carte administrative à plus grande échelle. En tout cas Hachy (Hertzig) fut allemand, car jai lu quil constituait à une certaine époque, le point le plus occidental de cette ethnie.
Pour le Kanaltal : voir Veiter, le "spécialiste" (présent et passé).f) Rhétie : Je vous envoie larticle d"Alpenraum". La liaison seffectue, selon votre propre description, dans votre présente lettre, à travers un territoire actuellement italien et où lallemand a disparu au XVIéme siècle. Cette liaison nempiète pas sur le Tyrol du Sud, mais sur le nord du Trentin. Jai les cartes à grande échelle de la région et connais bien le coin.
g) Je formulerais abstraitement ma question : rattachez-vous à un Etat blanc des populations (territorialement groupées) de race noire, mais de langue "blanche", lorsque les langues dorigine se sont éteintes depuis trois siècles ou provenaient elles-mêmes de familles linguistiques multiples ? A moins de les rendre aux Caraïbes (mais où sont-ils aujourdhui ?), que faire de la Martinique et surtout de la Guadeloupe ? (Cette dernière moins française - ou occitane ?? - que la première).
Je pars pour le Tyrol du Sud, puis pour le Val dAoste ; mon adresse
est jusquau 18 juillet : Collège Fédéraliste, rue
de la Piave, Aoste (remarquez le nom nationaliste de la rue : aliénation
politique ou psychologique !). Ça donne aussi "avenue de la Gare".
Peut-être cette adresse est-elle meilleure.
Vous gardez les documents aussi longtemps que vous voulez. FH. Riedl ("Alpenromanen")
est sudtyrolien exilé à lnnsbruck, rédacteur d'"Europa
Ethnica".
M. Goé-Brissonière, 6 rue de Monbel, Paris 17, prépare
une grande étude sur la coexistence des ethnies. Il tâchera de
vous rendre visite. Il est introduit aux Aff. étrangères. Il accepte
dans lensemble nos vues (ethniques). Egalement W Vonfelt, 36 rue de lEspérance,
Mulhouse.
Melle Kerhuel essaie de mettre en place un CELIB par région.
Pour démarrer, elle organise à Paris, en octobre-novembre, une
"exposition des régions". Ne pourriez-vous lui désigner
des responsables (chambres économiques) pour lOccitanie ou ses
régions?
Je pourrai vous apporter cet été le "Que sais-je ?"
de Bec.
Par Tende-Limone, vous êtes rendu à Biella et Aoste à peu
de frais. Voulez-vous que nous convenions avec Buratti dun rendez-vous?
Je suis à Aoste, je vous lai dit, jusquau 18 jt ; ensuite
peut-être à Bordighera. Je vous préciserai cela. Mais Buratti
ny sera pas !
Ci-joint une petite aide ethnico-occitane, si je puis dire.
Bien vôtre,
G. Héraud
[PS]
On est tous déprimés quelquefois. Mais peut-être le seriez-vous moins si vous meniez le combat parmi nous. De toute façon, le résultat, croyezmoi, sera le même : la coexistence des peuples sera ethnique ou ne sera pas.
Je vous conseille de lire (allemand) Leo Weisgerber (rôle de la langue sur le caractère).
[*] MFE: Mouvement fédéraliste européen.
Cher ami,
Je compte passer à Nice la nuit du 31 août au 10 septembre. Auriez-vous lobligeance de me réserver pour ce soir là une chambre ? (Chambre modeste suffit). Vous pouvez mécrire à ladresse suivante:
Campagne de Bonfin
Fréjus (Var)
Je repartirai de Nice le dimanche 10 septembre à la première
heure en direction dAoste.
Jespère que vous avez pu faire votre voyage à Alger, et
quil sest avéré aussi fructueux que possible.
En sincère amitié,
G. Héraud
Ci-joint une réponse - pour vous - de l"Encyclopaedia Britannica".
Cher ami,
Ayant une occasion de me rendre à Turin en voiture, je ne passerai pas par Nice samedi, et vous prie, en conséquence, de bien vouloir annuler la réservation de chambre que je vous avais demandée.
Je demeure, bien fortement, vôtre
G. Héraud
Cher ami,
Comment allez-vous ? Jaimerais de vos nouvelles.
Voyez, ci-joint, le genre de sujets, que je donne en doctorat. Le "fontanisme"
devient partie intégrante des doctrines politiques. On vous cite dans
les copies.
Irez-vous à Paris à la réunion des 9-10 novembre organisée
par France fédérale ? Personnellement, je me suis déjà
engagé à participer à Lucerne à une réunion
dEuropa Union suisse - bien que ce soit beaucoup moins intéressant.
Mon livre va sortir en novembre.
Pourriez-vous me donner des adresses de librairies à Nice ou ailleurs
(Montpellier p. ex.) où lon puisse, en se recommandant de vous,
faire effectuer des dépôts ?
Dans la "Doc[umentation]. Française", il y a des numéros
récents consacrés à la Birmanie, à la Thaïlande
où lon trouve des détails intéressants sur les ethnies.
Bien à vous,
G. Héraud
[PS]
Avez-vous fait ce voyage en Algérie ?
Avez-vous lu le livre "Vasconia" édité à Buenos-Aires : les Basques annexent Foix, Muret et Bordeaux ! (Il est vrai que les Gascons sont des Occitans assez particuliers, surtout en Béarn).