PROPOSITIONS POUR UN PROGRAMME INTERNATIONAL ETHNISTE
par François Fontan
A. DETERMINATION DES NATIONS
- Une étude de l'État linguistique actuel de l'humanité
doit être faite, afin d'établir la liste des nations à
partir du principe d'intercompréhension.
Constitue une langue nationale :
- Toute langue commune ou groupe de parlers actuellement usité
par un groupe humain occupant un territoire déterminé.
- Toute langue actuellement usitée par une ethnie ayant autrefois
occupé un territoire, si cet idiome a été usité
sans interruption et s'il n'a pas évolué depuis lors en de
nouvelles langues nationales.
- Le principe de l'intercompréhension
sera interprété largement dans le cas de populations très
peu nombreuses, ainsi que dans le cas de dialectes intermédiaires
n'offrant pas de caractéristiques propres de quelque importance.
- La disparition totale de l'usage d'une langue
signifie la disparition de cette nation et il ne peut en aucun cas être revenu là-dessus. De même, il n'y a pas lieu de tenir compte de certaines peuplades en nombre infime dont la prochaine disparition en tant qu'ethnies est pratiquement inévitable.
Le nombre de nationalités qu'indiquent ces principes est d'environ
deux cents.
B. FRONTIERES DES NATIONS
- La délimitation territoriale entre les nations devra
se faire suivant l'appartenance linguistique de la population lorsque cette
appartenante est unique et stable.
- Lorsque cette appartenance a changé partiellement
sur un territoire donné par assimilation, cette assimilation sera
tenue pour nulle. Lorsque cette appartenance a changé totalement,
il en sera de même, sauf si l'assimilation est ancienne (datant d'au
moins deux ou trois siècles) ou si elle concerne une nation disparue.
- Lorsque cette appartenance a changé par
immigration et substitution récentes, cette substitution sera également
nulle sauf si l'ancienne ethnie était de très faible densité
: dans ce dernier cas, le territoire est partagé en rapport avec
l'importance numérique des deux populations ainsi qu'en tenant compte
du droit de priorité. Lorsqu'un territoire est habité de
longue date par des nationalités différentes, il sera partagé
proportionnellement à leur importance numérique.
- Des échanges de territoires et de populations
seront effectués lorsque cela sera nécessaire pour restaurer
l'unité territoriale et humaine d'une nation, la mer n'étant
cependant pas considérée comme rompant cette unité
territoriale. Il en sera de même pour éviter qu'un État
national ne soit entouré de toutes parts par une autre nation et
afin d'assurer à cet État soit un accès à la
mer, soit une frontière commune avec une autre nation.
- Lorsqu'une nation n'a plus de territoire, son
ancien pays lui sera rendu totalement ou partiellement sauf s'il est occupé
par une nation de forte densité, auquel cas, un territoire lui sera
accordé dans des régions peu peuplées.
- De nouveaux territoires, pris parmi les moins
peuplés et autant que possible géographiquement semblables
au pays d'origine, seront accordés aux nations surpeuplées.
C. OBJECTIFS CULTURELS
- Dans chaque nationalité, l'unité linguistique
sera achevée ou restaurée. Le passage du stade "ensemble
de parlers" à celui de "langue communique unique" s'effectuera partout
où ce n'est pas encore fait.
Dans ce but on devra adopter les formes phonétiques et grammaticales
des dialectes centraux, modifiés par des emprunts aux divers dialectes
périphériques. On préfèrera les formes originales
(par rapport à celles des autres langues) dans la mesure où
elles sont suffisamment répandues; ce deuxième critère
sera seul retenu en ce qui concerne la sélection lexicale.
Enfin le maximum de clarté et de précision sera recherché
tant dans les formes grammaticales que lexicales.
Les langues nationales, ainsi unifiées, seront dotées
des termes philosophiques ou scientifiques qui peuvent leur manquer.
- Toutes les langues adopteront une écriture
alphabétique et une orthographe phonétique.
- Dans le territoire de chaque nation, la langue
nationale sera la seule langue de l'administration, de la presse et de
l'enseignement.
L'enseignement des langues étrangères sera encouragé,
mais aucune ne devra être obligatoire de préférence
aux autres.
- Lorsque la langue nationale n'est plus
parlée par une grande partie de la population, ou lorsque le travail
théorique de son unification et de son enrichissement n'est pas
encore effectué, les mesures du paragraphe précédent
ne seront réalisées que progressivement et selon les possibilités,
en passant par une étape de bilinguisme officiel.
D. OBJECTIFS POLITIQUES ET ECONOMIQUES
- Chaque nation doit former un État unifié et
souverain, jouissant de l'indépendance politique et de l'égalité
juridique vis-à-vis des autres nations.
Par État il faut entendre ici non pas une certaine structure
interne, mais un organisme règlant tous les problèmes que
posent les rapports avec les autres nations. L'État doit être
dirigé par des forces réellement ethnistes. Tout groupement
ayant des objectifs anti-nationaux, ou pouvant en avoir parce que dépendant
de directions étrangères, de même que tout groupement
ayant des objectifs impérialistes, doit être exclu de toute
possibilité de parvenir au pouvoir.
- Les étrangers peuvent résider sur le territoire
national dans la mesure où l'État les y autorise, mais ne
peuvent y jouer un rôle politique ou militaire. Leur naturalisation
ne peut être accordée qu'en nombre restreint et lorsqu'elle
correspond à une assimilation réelle.
- Chaque nation doit obtenir son indépendance
économique, c'est-à-dire que tous les moyens de production
et de distribution importants doivent être propriété
nationale, propriété ou de membres de la nation ou de l'État.
Le commerce extérieur doit être contrôlé
ou monopolisé par l'État. L'interdépendance, c'est-à-dire
des échanges sur des bases égalitaires et non accompagnés
de conditions politiques, est seule compatible avec l'indépendance
nationale.
- Tous les problèmes posés pas les
rapports internationaux devront être réglés par accord
entre les nations indépendantes intéressées. Toutes
les forces armées devront être dissoutes et les armes de guerre
détruites.
Des organismes internationaux (exprimant l'interdépendance de
fait des nations) sont souhaitables mais uniquement en tant qu'organismes
de collaboration technique ne jouissant d'aucune autorité propre.
L'Organisation des Nations Unies, dont le principe est parfaitement
valable, doit être réformée de sorte : d'abord qu'en
soient membres seulement les États correspondants à une nationalité
et réellement indépendants, ensuite que les conflits soient
réglés non au hasard des marchandages et des coalitions mais
à partir des principes ethnistes, seule base objective et impartiale
de règlement.
E. VOIES ET MOYENS
- Les moyens de réalisation de ce programme
sont : la propagande et les moyens légaux, l'action de masse et
la résistance passive, enfin lorsque cela est efficace et nécessaire
la guerre de libération nationale. C'est-à-dire que l'abandon
de la force dans les rapports internationaux et le désarmement sont
d'abords subordonnés à l'obtention de l'indépendance
et de l'unité nationale, et ensuite doivent être réalisés
simultanément par les différentes nations.
La non intervention dans les affaires intérieures d'une nation
doit d'ores et déjà être appliquée, mais il
n'en est pas de même dans les conflits internationaux. Tant que subsistent
les rapports de force entre nations, toute nation a intérêt
et a le droit d'aider les autres à se défendre contre une
agression ou à conquérir leur indépendance. Cependant,
il s'agit là d'un problème tactique et, en particulier les
guerres de libération nationale doivent être subordonnées
à leur tour à la nécessité supérieure
d'éviter un conflit mondial.
- Il doit exister dans chaque nation un mouvement
se proposant la réalisation de ces objectifs. Tous ces mouvements
doivent coordonner leurs efforts à l'échelle mondiale au
sein d'une Internationale conçue non comme un super-parti, mais
comme une association de partis égaux unis par des objectifs communs
et précis concernant les problèmes internationaux, mais échangeant
seulement des informations en ce qui concerne les problèmes intérieurs
de chaque pays.
François Fontan, 1961