SOMALIE

République démocratique de Somalie
Capitale : Mogadiscio (ou Kharam)
Superficie : 637 660 km2
Population : 7 500 000 hab.

Somalis (1993)

La Somalie est peuplée en presque totalité de Somalis dont la langue appartient à la famille couchitique. Peu différenciés linguistiquement et culturellement, ceux-ci occupent de manière compacte la totalité de la Corne de l'Afrique. Ils sont en effet répandus dans les régions limitrophes de la Somalie : 250 000 dans la République de Djibouti, autour d'1 million dans l'Ogaden éthiopien, 400 000 dans le Nord-Est du Kenya. Avec 6 millions environ dans leur État national, les Somalis, presque exclusivement musulmans orthodoxes de rite chaféite, forment donc une ethnie de 8 millions de personnes.
De toujours éleveurs nomades, beaucoup se sont maintenant sédentarisés et sont agriculteurs ou commerçants. La structuration interne de l'ethnie somalie repose essentiellement sur une division en tribus, elles-mêmes subdivisées en clans et sous-clans. Les principales, auxquelles correspondent les grandes divisions dialectales sont : les Darod, divisés en Mijurtein, Ogadeni et Marehan sont de loin les plus nombreux et occupent le centre et le nord-ouest de la Somalie, l'Ogaden et le nord-est du Kenya ; viennent ensuite les Issaq dans le Nord puis lesIssa des environs de Djibouti et Diredawa ainsi que les Hawiyé de la Somalie du centre-sud (avec Mogadiscio) . Même sédentarisés, les membres de ces tribus ont gardé la défiance traditionnelle liée aux rivalités entre nomades.
Après beaucoup de tergiversations, l'État indépendant somalien a adopté comme langue officielle et littéraire la koiné issue des parlers darod, issaq et iss. Celle-ci remplaça donc en 1972, les langues coloniales, arabe, anglais et italien.
De nombreux Somalis ont à des époques diverses émigré à Aden et au Yémen puis plus récemment dans les émirats du Golfe. Certains expatriés ont d'ailleurs adopté l'Islam chiite qu'ils ont introduit en Somalie à leur retour.

Bantous

Il subsiste dans le Sud de la Somalie (régions côtière et cours des fleuves Juba et Shebele) des populations d'origine bantoue en nombre incertain. Ces populations ayant partiellement conservé leur langue, sont les restes des autochtones que submergèrent, absorbèrent et refoulèrent les Somalis.

Propositions

Membre naturel de l'ONU, de l'OUA et de l'organisation de la Conférence islamique (OCI) on ne saurait trop recommander à la Somalie qu'elle se détache de la Ligue Arabe. Qu'elle pense à ses intérêts nationaux (l'unité de tous les Somalis) ou à ses intérêts économiques à plus long terme (éventuelle intégration économique des riverains de la Mer Rouge), sa position géographique au carrefour de civilisation différentes devrait l'amener à jouer la carte de l'équilibre. Elle ne doit pas de ce fait apparaître comme une tête de pont de l'impérialisme arabe particulièrement actif en direction de l'Afrique.
La République de Djibouti se trouve dans le même cas de figure.
Le risque d'un dérapage intégriste musulman sécrétant un anti-occidentalisme radical que conforte l'intervention américano-onusienne, est sérieux bien que non conforme aux mentalisés locales. Un relais efficace pourrait lui être apporté par les Arabes des villes côtières et les quelques Chiites Somalis. Une telle évolution ne pourrait que suciter une défiance totale des pays voisins et les premiers à en pâtir seraient les Somaliens eux-mêmes. D'autant que la preuve n'a pas été faite qu'un régime islamique radical pouvait assurer le développement correct d'un pays pauvre.

La Somalie est bien à la croisée des chemins. Les choix qu'elle fera dans les temps prochains conditionneront pour longtemps son existence. Ce qui est assuré, c'est que la communauté internationale ne pourra, à longue échéance, garantir leur survie biologique et collective si les Somaliens eux-mêmes n'y mettent pas beaucoup du leur.

Jean-Louis Veyrac, 1993

carte

tableau des populations, ethnies, langues, religions

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