Du point de vue ethnique, il y a au Sénégal une population mandé.
Les Mandés, qui occupent les bordures orientales, ont tendance à progresser vers l'océan et se trouveront bientôt en conflit avec les Sénégalais.
Solution pour la population Mandé: retracer les frontières à partir du critère linguistique et leur accorder l'autonomie sur ce territoire (cf. carte) Dans la mesure où on ne leur accorderait pas l'autonomie, un conflit est certain.
Les Mandés se rattachent au peuple mandé qui se trouve en Guinée, au Mali, en Mauritanie, au Libéria, en Sierra Léone et en Côte d'Ivoire : au vu de cette contiguïté, on peut imaginer une nation indépendante mandé (cf. carte).
Pour réaliser cet État mandé, nous proposons un mouvement pan-mandé ayant son épicentre au Mali et cherchant à unifier tous les Mandés en un seul État. Il faudra néanmoins que la recherche de l'unité mandé ne s'accompagne pas d'un impérialisme des Mandés envers les autres ethnies, risque important en Guinée et au Mali, où ils se trouvent en situation dominante. L'idéal serait de marchander avec eux la constitution d'un grand État mandé, en échange d'un grand État sénégalais qui ne peut se faire que par l'unification des Peuls.
Diaspora
Il y a une importante diaspora mandé émigrant du Sénégal vers la France : attachée à sa culture et à sa langue, elle ne cherche pas à s'intégrer.
La réaction, côté sénégalais, a été l'expulsion des Maures immigrés.
Cet échange de populations est faussé puisque les habitants du Nord du fleuve sont légitimement chez eux.
Propositions
1) Nous préconisons le droit à l'autodétermination de ces populations. Ces Sénégalais et Mandés représentent le tiers de la population de la Mauritanie, ce qui souligne encore le côté artificiel de l'État mauritanien.
Nous proposons que la Mauritanie rejoigne une fédération arabe.
2) Nous préconisons l'enseignement du sénégalais en première langue et le français comme langue internationale. Cela pose un problème : celui de la création d'une langue sénégalaise unifiée. Sans cette langue sénégalaise unifiée, il ne saurait y avoir de dynamique sénégalaise.
Qu'une telle politique linguistique puisse être instaurée, suppose évidemment une volonté politique. Dans l'État actuel des choses(1992), la coexistence des populations constitue un préalable indispensable, qui devrait pouvoir aboutir à l'unification.
3) La politique ethniste au Sénégal doit être resituée dans le cadre d'une politique pour l'Afrique, où presque toutes les frontières actuelles étant artificielles, il s'agit de rechercher une réorganisation territoriale mieux adaptée aux réalités du peuplement.
Il est primordial que l'Afrique invente une méthode de coexistence pluri-culturelle. Dans le cas contraire, toute tendance unificatrice qui se ferait au détriment d'îlots d'autres ethnies, provoquerait de nombreuses tragédies.
On ne peut pas plaquer sur la situation africaine, les schémas qui sont opérants pour l'Asie ou l'Europe, car l'Afrique noire ne jouit pas d'une tradition Étatique très affirmée.
Ceci étant, les cultures sont très soudées entre elles. La solution n'est peut être pas de créer des États mais des aires culturelles auto-déterminantes, en forme de confédérations ou de fédérations.
Avec le temps, et surtout la technologie et les médias, il se peut que ces confédérations prennent le chemin de l'unité.
Résumé des propositions ethnistes
Pour les Diolas de la Casamance, nous proposons dans l'immédiat un statut d'autonomie interne dans le Sénégal, avec par la suite un rattachement à la Guinée Bisào en vue de la constitution d'un État diolas-balante.
Politique africaine de la France.
Depuis quelques temps, les dirigeants français parlent beaucoup d'exporter la démocratie en Afrique.
Notre avis est que cette notion ne peut être positive que si elle apporte le pluralisme et le droit à l'auto-détermination des populations.
En revanche, s'il s'agit d'imposer comme modèles les institutions Étatiques françaises par exemple, ou le vote majoritaire, ce plaquage de la "démocratie à l'occidentale" sur la réalité africaine, pourrait être extrêmement négatif.
Prévisions pour le cas où la solution ethniste ne serait pas suivie : sous-développement persistant et guerres civiles.
Situation des diasporas
La plus grande diaspora sénégalaise se trouve aux USA où une grande partie de la population afro-américaine est issue des régions sénégalaises et voisines . Dans un profond État d'aliénation ethnique et identitaire, elle n'en constitue pas moins une branche importante de l'ethnie et doit, outre retrouver sa véritable personnalité culturelle dont l'Islam est une composante non négligeable, se définir un territoire national dans les régions du Sud-est des USA où elle constitue sans doute la majorité relative de la population. (voir Etats-Unis)
Jean-Louis Veyrac et Ben Vautier 1992