L'oeuvre d'invasion commencée par C. Colomb fut continuée par les Espagnols F. Pizarro, D. de Almagro, H. de Luque qui, dès 1532, traversant l'Amérique du Sud, détruisirent sur leur passage les communautés et ayllus du Tawantinsuyu (connu de nos jours en tant que Pérou, Equateur, Bolivie, Argentine, Chili et Colombie).
Les valeurs culturelles des communautés quechuas, aymaras et amazoniennes sont défigurées. Les économies communautaires de réciprocité sont détruites. La propriété communautaire est remplacée par la propriété privée. Sur la base des institutions colonialistes d'Espagne (capitanias, encomenderas, mita, etc.) se sont créés les États-nations d'Amérique latine. Ainsi, après les guerres d'indépendance entre les Espagnols conservateurs et les Espagnols progressistes, en 1821, le Tawantinsuyu fut divisé en pays (Pérou, Bolivie, Equateur, etc.) qui se constituèrent en républiques conformes aux structures politiques, économiques, sociales et culturelles de l'Europe.
Au Pérou, tout au long de cette "vie républicaine" (166 ans), se sont succédé des gouvernements et des groupes "révolutionnaires". Au Pérou, l'impact international de la révolution bolchévique de 1917, de la révolution cubaine de 1956 et de la révolution chinoise de 1948 a accéléré le colonialisme intellectuel, implantant ainsi l'indigénisme culturel d'orientation idéologique de gauche de J-C. Mariategui (parti communiste et parti socialiste) et de droite de V.R Haya de la Torre (APRA).
L'affrontement latino-américain de ces deux tendances n'a profité en rien aux peuples indiens du Tawantinsuyu, mais bien au contraire, ces peuples s'organisent en leurs propres mouvements, conformément à la dynamique de leurs propres intuitions et conformément à leur pensée cosmique. Cette situation de restructuration des communautés a permis aux peuples communautaires Quehuas, Aymaras et Amazoniens de résister à la violence occidentale des latino-américains.
Economiquement, le Pérou ne cesse d'augmenter sa dette extérieure, qui aujourd'hui s'élève à plus de 14 000 millions de dollars, sans compter les intérêts. De plus, tout prêt d'argent ne bénéficie uniquement qu'aux membres du parti politique en place.
A l'heure actuelle, l'inflation s'accroît selon le gouvernement de 103 %. Cependant, dans la réalité, il s'agit de 250 % (depuis 1 an et demi).
Il est nécessaire de dire que la politique économique du gouvernement péruvien est une économie dirigée par les banques du monde industriel capitaliste. Par-dessus tout, l'économie péruvienne obéit à la politique colonialiste et inhumaine du FMI.
Le protectionisme économique et industriel de l'Occident a eu pour résultat l'institutionalisation de la corruption au sein des gouvernements successifs, ce qui a facilité de toute évidence le marché noir.
Au Pérou, 45 % de la population est réellement d'origine indienne. Il faut signaler que 70 personnes sur 100 sont sans emploi.
La triste situation du Pérou colonialiste a créé un mécontentement chez tous les partis traditionnels de droite et de gauche. Le gouvernement actuel (comme les précédents) est tombé de Charybde en Scylla, provoquant ainsi l'émergence de groupes terroristes tels que Sentier Lumineux, le Mouvement Révolutionnaire Tupak Amaru et le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire, organisations qui n'ont rien en commun avec les mouvements indiens ni avec les communautés indiennes.
L'action du gouvernement comme celle des groupes terroristes ne s'est soldée que par l'assassinat des populations indiennes, des communautés séquestrées, des communautés expulsées.
Cette proposition de travail spécifique espère obtenir au niveau international un soutien pour la Commission Juridique des Peuples Indiens du Tawantinsuyu - COJPITA -, afin qu'elle accomplisse ses objectifs et coordonne avec toutes les institutions internationales et nationales l'exécution effective de la défense de la VIE et de la TERRE.
Conférence de presse donnée par le : Mouvement Indien "Pedro Willca Apaza" - MIPWA -
Commission Juridique des Peuples Indiens du Tawantinsuyu - COJPITA - le 23 novembre 1987 à Paris
Voir carte de l'Amérique Latine