Mais elle est extrêmement composite.
1) La moitié de celle-ci parlant des langues sénégalaises (pular et wolof) et malienne (soninké) habite les bords du fleuve Sénégal, où elle s'adonne à l'agriculture. Elle est tributaire des Maures, mais non intégrée à leur système de castes.
2) L'autre moitié, répartie inégalement dans le reste du pays, participe totalement à la société maure. Elle descend soit des antiques populations peuplant le pays avant la poussée berbère vers le sud (1er millénaire av. JC), soit des esclaves arrachés à leurs peuples depuis cette lointaine époque.
On retrouve ces Noirs à tous les étages du système de caste, d'autant plus nombreux qu'on descend la hiérarchie. Enfants d'Arabo-berbères et de leurs épouses noires, ils participent à la domination des tribus maures guerrières ou maraboutiques. Sinon, ils sont captifs (abid) ou affranchis (harratin). Vivant en symbiose avec leurs maîtres, ils cultivent les oasis ou remplissent les tâches domestiques.
Les populations maures proprement dites, qui ont donné leur nom au pays, divisées en tribus hiérarchisées, sont de souche berbère et arabe.
1) Les Berbères ont été assujettis tardivement par les Arabes au XVe s., leur islamisation étant plus ancienne. Ils ont été en partie arabisés par les Beni Hassane.
Seuls persistèrent dans leur berbérité, les tribus maraboutiques et quelques autres, les derniers berbérophones étant les Zénaga du Trarza (Centre sud). Minorisés, ils n'en ont pas moins continué à jouer un rôle de premier plan dans la société maure.
2) Mais ce sont les Arabes des tribus guerrières, notamment les Réguibat, qui dominent depuis des siècles. Ils ont assimilé linguistiquement l'ensemble de la société maure avec leur dialecte dit "hassaniya" encore proche du Coran. Leur parentèle directe s'étend aux tribus nomades des États voisins, tels que les Réguibat du Sahara occidental et du sud-ouest algérien ou les Kounta du nord du Mali.
Jean-Louis Veyrac 1992