GRANDE BRETAGNE
Royaume uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord
Capitale : Londres
Superficie : 244 046 km2
Population : 57 300 000 hab.
Ecosse
(La nation écossaise, considérée avec les outils ethno-linguistiques, correspond à peu près à la partie administrative "Scotland" du Royaume -"Uni" de Grande-Bretagne ; il faut en retrancher l'est de la plaine des Lowlands avec Edimburg, et l'est de la chaîne des Southern Uplands qui la borde au sud, ces zones ayant été anciennement anglicisées et possédant un dialecte anglais archaïque ; il faut par contre rajouter l'île de Man, fief médiéval de la Couronne dans la mer d'Irlande et sans doute aussi un tiers est de l'Ulster, anciennement peuplé par des Ecossais dont les descendants actuels forment la majorité protestante presbytérienne de Belfast et des environs - à ne pas confondre avec l'autre groupe protestant, anglican et ethniquement anglais, dont le rôle est purement colonial ; la langue écossaise, celtique, a considérablement reculé depuis deux siècles).
Le "Scottish National Party" qui combat pour la restauration de l'indépendance de l'Ecosse dans le cadre des institutions communautaires (européennes et du Commonwealth) a accompli en peu d'années une progression foudroyante qui le place aujourd'hui au premier rang des partis politiques en Ecosse et tout particulièrement dans la jeunesse ; ceci est d'autant plus remarquable que les divers chiffres sont toujours donnés en pareil cas en incluant en "Ecosse" la zone ethniquement anglaise avec le demi-million d'habitants d'Edimburg et les Anglais immigrés en Ecosse proprement dite (essentiellement à Glasgow).
Il y a un certain décalage entre le soutien électoral au S.N.P. et l'approbation complète de son programme indépendantiste, un bon tiers des électeurs nationalistes se contenteraient d'une large autonomie qui laisserait au pouvoir central de Londres certaines compétences militaires, diplomatiques et de commerce extérieur. Mais par contre on doit rajouter à ce courant autonomiste un "Scottish Labour Party" (1) qui a scissionné du parti travailliste britannique jugé trop réticent devant la revendication autonomiste, ainsi qu'une bonne part des électeurs demeurés fidèles aux trois partis britanniques, contraints de céder au moins partiellement à cette revendication.
La situation de ces partis britanniques est critique, on peut prévoir à court terme leur quasi-élimination de la scène politique écossaise. Si les conservateurs bénéficient momentanément des difficultés économiques auxquelles est confronté le gouvernement travailliste, et apparaissent comme la principale force anti-autonomiste (ne consentant qu'à une régionalisation modérée), ils perdent presque la moitié de leur audience chez les jeunes ; les travaillistes qui avaient en Ecosse un solide bastion électoral passent au second rang et risquent fort de voir se retourner contre eux la règle électorale britannique dont ils ont été jusqu'à présent les bénéficiaires (2) ; quant aux libéraux il y a longtemps qu'ils sont marginalisés.
Le S.N.P., qui est passé de 2 000 à 100 000 adhérents en six ans, de 1962 à 1968, a acquis son premier siège parlementaire en 1967 ; en 1970, toujours un seul élu, dans une autre circonscription. Puis, en février 1974, un bond en avant spectaculaire (22 % des suffrages et 7 élus), confirmé en octobre de la même année (30 % des suffrages et 11 élus). Un sondage de décembre 1975, mené par l' "Opinion Research Centre" et publié dans le journal "The Scotsman" (26 avril 76) montre que cette progression n'a pas cessé depuis et qu'il n'y a pas de raison qu'elle s'arrête, les jeunes qui arrivent à l'âge de voter étant plus nationalistes que leurs aînés.
Votes et intentions de vote
Partis : |
Elections |
Sondage 12/75 O.R.C. |
10/74 Tous électeurs 16 à 20 ans |
Conservateur |
25 % |
28 % |
16 % |
Travailliste |
36 % |
30 % |
30 % |
Libéral |
8 % |
5 % |
7 % |
National Ec. |
30 % |
37 % |
46 % |
La question du statut de l'Ecosse (sondage 12/75 O.R.C.) :
Position favorable à : |
Tous électeurs |
16-20 ans |
Le statu-quo |
14 % |
13 % |
Une régionalisation limitée (assemblée écossaise non élue directement, traitant certaines affaires) |
14 % |
9 % |
Une régionalisation plus démocratique (assemblée écossaise élue directement ; mêmes compétences) |
19 % |
16 % |
Une large autonomie, avec parlement écossais, ne laissant le Parlement de Londres responsable que de la défense, des affaires étrangères et de la politique économique internationale |
28 % |
24 % |
L'indépendance |
21 % |
30 % |
Ne savent pas |
5 % |
8 % |
Une majorité absolue (49 électeurs sur 96 ayant une opinion ; et 54 jeunes sur 92) se prononce donc en faveur des solutions les plus radicales : large autonomie ou indépendance.
L'exemple de nos camarades écossais est instructif et encourageant ; les similitudes entre nos deux pays sont nombreuses. La montée des nationalismes de libération en Europe occidentale contribue au réveil de la conscience occitane, puissions-nous à notre tour apporter un pareil encouragement à d'autres nations colonisées, une pareille contribution à la lutte anti-impérialiste en Europe et dans le monde.
Vivent l'Ecosse et l'Occitanie libres !
Note 1 : A la question "Voteriez-vous pour un éventuel candidat du S.L.P. aux prochaines élections générales ?", 27 % des électeurs consultés en décembre 75 répondent "très" ou "assez vraisemblablement".
Note 2 : Si le scrutin d'octobre 74 avait eu lieu à la proportionnelle, en Ecosse, les travaillistes auraient eu 24 sièges (au lieu de 42) et les nationalistes 22 (au lieu de 11).
Pierre Barral 1976
Iles Falkland
Une fois n'est pas coutume ! Nous soutenons le gouvernement de Margaret Thatcher dans sa tentative de récupérer les îles Falkland indûment annexées par les militaires argentins. Il y a à ce soutien des raisons historiques. On peut tenir pour probable que le navigateur britannique John Davis à bord du navire Desire a été le premier à apercevoir les îles inhabitées en 1592. Le capitaine John Strong est le premier à y débarquer en 1690. Il donne l'appellation de Falkland (trésorier de la Marine britannique). Toutefois c'est le Français Louis-Antoine de Bougainville qui fonda la première colonie sur l'île orientale en 1764. L'île occidentale a été colonisée en 1765 par les Britanniques. Ils en sont chassés en 1770 par les troupes espagnoles. L'Espagne avait payé les Français pour qu'ils partent. La guerre entre la Grande-Bretagne et l'Espagne ne fut évitée que parce que l'Espagne accepta de rendre le port et le fort d'Egmont aux Britanniques. Les Britanniques avant de retirer leur garnison navale pour des raisons d'économie en 1774 prenaient le soin d'apposer une plaque affirmant leur entière souveraineté sur toutes les îles.
Les Espagnols maintenaient une petite colonie jusqu'en 1806, date à laquelle un soulèvement dirigé contre Madrid éclatait dans la province de Buenos-Aires.
L'Espagne ne devait plus par la suite revendiquer les Falkland. Dès l'indépendance de l'Argentine, celle-ci prétend prendre la succession de l'Espagne et assumer la souveraineté sur les îles. En 1820 elle prend possession de Soledad (île occidentale) et y installe un gouverneur local en 1828. En 1833, les troupes britanniques expulsent pacifiquement les Argentins de Soledad.
Port Stanley est promu au rang de capitale en 1842. En 1892, les Falkland se voient accorder le statut de colonie. La souveraineté britannique que l'Espagne ne contestait plus est donc tout à fait légitime.
Actuellement, la population des îles, d'environ 2000 habitants, est à 79% née dans les îles et 98% possèdent la nationalité britannique. La situation économique y est quasiment coloniale. La Falkland Island Company, vaste empire à la Michelin, possède 46% du territoire et près de la moitié des 650 000 moutons. Elle emploie un tiers de la main d'&brkbar;uvre locale qu'elle loge et nourrit. Sa compagnie de navigation importe tout d'Angleterre. Elle contrôle l'exportation de la laine pour une valeur de 4 milliards anciens par an. Mais 96% des bénéfices sont distribués aux actionnaires britanniques. Comme il n'y a pas d'investissements sur place l'économie locale stagne et la population baisse. La Falkland Island Company a dû importer des travailleurs sous contrat qui représentent un quart de la main d'&brkbar;uvre actuelle. Comble d'ironie l'homme d'affaires argentin Capozzolo avait déjà essayé d'acheter la compagnie en 1977. Si son offre avait été acceptée, déclare-t-il, il n'y aurait pas ce problème. Mais l'intérêt de ces îles n'est pas essentiellement économique pour la Grande-Bretagne. Certes les réserves potentielles de pétrole sous-marin seraient importantes mais les conditions climatiques rendront leur exploitation difficile et coûteuse. L'intérêt est plutôt stratégique. Les Falkland servent aussi de point d'appui à la base scientifique britannique dans l'Antarctique sud.
Jean-Pierre Hilaire 1982
Les langues celtiques de Grande-Bretagne
En Cornouailles quelques centaines d'habitants et représentants de ce peuple apparenté aux Bretons continuent leurs efforts pour maintenir en vie leur langue ressuscitée dans les années 30 après un siècle et demi d'extinction.
Jusqu'à présent, il était possible pour les écoliers de passer leur baccalauréat en cornique comme leurs homologues gallois. Le service des examens pour le Sud de la Grande-Bretagne a décidé de supprimer cette possibilité à partir de 1992 en invoquant le trop petit nombre de candidats. Cela ne décourage pas les militants du Conseil pour la langue cornique qui recherchent des soutiens logistiques du côté de leurs voisins gallois. Ils continueront de proposer leur propre examen en cornique. La langue est actuellement enseignée dans 10 écoles primaires et 3 écoles secondaires en Cornouailles et gagne des adeptes. La situation dans les autres pays celtiques de la Grande-Bretagne est variable. En Ecosse où 80.000 personnes seulement déclarent le connaître, le gaélique connaît un renouveau et continue d'être la première langue dans certaines familles des îles Hébrides. Le Bureau des affaires écossaises a investi 8 millions de livres pour augmenter les programmes de radio et de télévision en gaélique. A Glasgow, les écoles en gaélique attirent les enfants issus des classes moyennes. Au Pays de Galles, 20% de la population déclarait parler le gallois au recensement de 1981. Les résultats du référendum de 1991 montreront si oui ou non le déclin de la langue a été stoppé ou endigué.
Il est raisonnable de penser qu'un statut politique d'autonomie, de dévolution pour employer la terminologie anglaise, promesse non tenue, donnerait aux pouvoirs locaux gallois et écossais la possibilité d'adopter des mesures énergiques pour la sauvegarde et la promotion de leurs langues. Toutefois, comme le montre l'exemple de la République irlandaise, le cadre politique ne suffit pas à enrayer la mort lente d'une langue compte tenu de l'attrait irrésistible de l'anglais, langue internationale des affaires, qui rend pour beaucoup la connaissance de la langue ethnique, de surcroît difficile à apprendre, superfétatoire. Cela n'a pas empêché les Israéliens de faire de l'hébreu, langue quasi morte, une langue moderne pour un État moderne.
Jean Pierre Hilaire 1990
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