Les Indiens américains, les Africains américains et les Hispaniques. Les premiers ont certes émigré en Amérique depuis l'Asie en passant par le détroit de Behring mais ils étaient là depuis des millénaires lorsque les premiers explorateurs européens sont arrivés. Les seconds sont des descendants d'immigrants forcés arrachés par le commerce triangulaire à l'Afrique. Les derniers se sont retrouvés citoyens américains au l9 ème siècle à l'issue de la guerre entre le Mexique et les USA, ou sont venus s'installer légalement ou illégalement depuis les ex-colonies espagnoles de l'Amérique. Ils étaient eux aussi attirés par la prospérité économique des USA. La faible importance numérique des Indiens ne présente pas de danger pour la cohésion de l'ensemble. Il en va tout autrement des Noirs qui 1/4 de siècle après le mouvement pour les droits civiques ne sont toujours pas véritablement intégrés, et des Hispaniques que leur nombre et leur attachement à leur langue et culture d'origine rendent difficiles à assimiler. A terme l'éclatement des États Unis n'est pas une hypothèse que l'on peut écarter d'un revers de main.
L'ethnie Nadéné compte entre autres tribus connues, les Apaches et les Navahos qui vivent dans l'Arizona et les États limitrophes.
L'ethnie Pénutia se compose de nombreuses tribus en voie d'extinction en Californie du Nord, dans l'État de Washington et dans L'Oregon.
Pour compléter le tableau, les Iroquois et les Muskogee dans l'Oklahoma et l'Arkansas, les Sioux dans les deux Dakotas, le Montana et le Wyoming, et enfin les Aztèques dont les Comanches, les Hopis et peut être les Zuni et les Kiowa sont les tribus qui vivent dans l'Arizona et au Nouveau Mexique. Tous ces peuples éparpillés sur le vaste territoire nord-américain entre les deux océans représentaient avant 1492 entre 3 et 10 millions de personnes. Les historiens divergent sur les estimations. Le recensement de 1896-97 aux U.S.A. dénombrait 254 300 Indiens ce qui, même si les chiffres sont à manipuler avec précaution, traduit dans les statistiques un génocide sans précédent dans l'histoire connue. Les chiffres de 1986, 1 420 000 et les estimations actuelles 2 millions même s'ils montrent une remontée démographique ne correspondent même pas à la situation du début de la colonisation. Les indiens aujourd'hui représentent moins d'1 % de la population des U.SA.. Comment en est-on arrivé là ? Nous ne pouvons que brosser les grandes lignes d'une histoire complexe.
Dans un territoire pratiquement vide, les Indiens se sont vite révélés être des gêneurs pour les colons blancs et les aventuriers de tout poil. Il fallait donc s'approprier l'essentiel de leurs terres par la force des armes si nécessaire et les parquer dans des réserves aux termes de contrats léonins jamais respectés. La première réserve indienne a été créée en 1656, à l'époque où l'Amérique n'était qu'une colonie britannique. Mais le système des réserves, lieux d'enfermement et de surveillance, n'a été réellement mis en place qu'à partir de la deuxième moitié du 19 ème siècle, après la déportation des indiens à l'Ouest du Mississipi. Trois phénomènes ont été déterminants.
La ruée vers l'or de Californie à partir de 1848, la construction d'un chemin de fer transcontinental et la destruction volontaire par les Blancs des bisons, principale source de subsistance des Indiens. Cette déportation ne s'est pas faite sans résistance armée des indiens jusque vers la fin du siècle.
La justification idéologique de cet impérialisme passait par la notion de Destinée Manifeste qui voulait que les Américains (blancs bien sûr) soient un peuple élu à qui Dieu avait confié la mission de créer une société modèle en Amérique et de développer le pays, ce que les indiens "non civilisés" avaient été incapables de faire.
Dans les années 1870 les indiens des USA possédaient 67 millions d'hectares, en 1938 ils n'en possédaient plus que 24 et aujourd'hui 26. A la fin du siècle lorsque toute résistance militaire eut cessé la politique indienne des USA passa de l'isolement à l'assimilation.
La langue anglaise fut reconnue comme facteur clé du processus d'acculturation. Les missionnaires furent obligés d'apprendre l'anglais aux jeunes Indiens des réserves sans passer par leurs langues maternelles. Le Bureau des Affaires Indiennes, instrument du gouvernement de Washington alla même jusqu'à envoyer de force les jeunes des réserves dans des pensionnats de la Côte ouest où on les punissait dès qu'ils parlaient leur langue. Cela rappellera quelques souvenirs aux Occitans, Bretons et autres. Après la confiscation des terres utiles on passait à l'embrigadement culturel violent. En même temps était mis en place par la loi de réorganisation indienne de 1934 une certaine autonomie des réserves avec l'élection de conseils tribaux au suffrage universel.
Les Indiens n'étaient devenus des citoyens américains à part entière que depuis 1924 en raison des services rendus par les soldats indiens durant la première guerre mondiale. Ils avaient aussi la permission de quitter les réserves mais comme ils n'étaient pas près à s'adapter à un mode de vie urbain ils sombraient souvent dans l'alcoolisme. (NB. aujourd'hui 40% des Indiens vivent dans les réserves). Les conseils tribaux cédaient quant à eux souvent aux fortes pressions des compagnies transnationales avides d'exploiter les importantes richesses du sous-sol des réserves. Quand ils mesuraient les conséquences désastreuses pour leur environnement, il était trop tard pour les Indiens.
A la fin des années 60, sous l'influence du mouvement pour les droits civiques un réveil nationaliste indien se produisit. En 1968 à Minneapolis fut créé l'American Indian Movement. L'ex-bagne d'Alcatraz fut occupé en 1960 et la question indienne revint à l'ordre du jour national. Wounded Knee site du célèbre massacre de 1890 fit l'objet d'une occupation en 1973. Les militants indiens menèrent la lutte contre les autorités tribales accusées de collusion avec le Bureau des Affaires Indiennes.
Le combat se déplace aussi sur le terrain juridique contre les prétentions des transnationales et contre les projets de stockage des déchets nucléaires sur les terres tribales.
L'objectif est aussi de récupérer le maximum de terres perdues et de préserver le droit de pratiquer la religion et d'instruire les enfants comme les indiens l'entendent.
Grâce à l'appui d'intellectuels et d'artistes et à la collaboration pas toujours facile entre les nations indiennes, des succès encourageants ont été obtenus. La question de la terre reste toujours centrale aux États Unis comme au Canada et pour les réserves le dilemme entre les vieux principes écologiques et les pressions économiques modernes sont toujours d'actualité.
La communauté noire est divisée entre intégrationnistes et nationalistes séparatistes.
>Les origines du nationalisme noir.
Les premières tentatives de retour à la terre ancestrale en Afrique ont eu lieu au 19 ème siècle. Les esclaves effectuant un travail forcé en Amérique étaient pour la plupart d'ethnie sénégalaise ou Kwa et habitaient ce qui correspond aujourd'hui au Sénégal, à la Gambie, à la Guinée, au Liberia, à la Côte d'Ivoire, au Ghana, au Togo et au Dahomey ainsi qu'à une partie du Nigeria. L'État du Liberia comme son nom l'indique, fut fondé par des esclaves afro-américains affranchis par les yankees avant l'abolition de l'esclavage et ensuite dans toute l'Amérique y compris le Sud profond. Ils s'installèrent au Liberia entre 1820 et 1865 et après.
Malheureusement ils se comportèrent vis à vis des autochtones mandès et sénégalais comme en pays conquis et refusèrent de partager le pouvoir. Ce clivage entre "Américains" et "autochtones" a joué un rôle dans la récente guerre civile qui a mis le Liberia à feu et à sang. Charles Taylor, un des chefs de bande est d'origine américaine.
Le mouvement de retour vers l'Afrique
Dans les années 20, un des dirigeants noirs Marcus Garvey, né à la Jamaïque , proposa la création d'une nation noire séparée sur un territoire distinct comme alternative à l'assimilation à la nation américaine blanche. En cela il s'opposait à l'intégrationnisme de Web Dubois fondateur du NAACP* en 1909 mais rejoignait le pan-africanisme de ce dernier.
Cette nation indépendante, Marcus Garvey la voyait en Afrique. Il eut un grand succès auprès des Noirs pauvres des villes du Nord venus du Sud après la lère guerre mondiale. Son organisation l'UNIA (Universal Negro Improvement Association) comptait selon lui deux millions de membres. Mais sa gestion financière peu scrupuleuse, ses prises de position inattendues (dans son souci de pureté raciale et de séparatisme il allait jusqu'à approuver le Ku Klux Klan ce qui lui valut l'inimitié tenace de Web Dubois) causèrent l'échec de son mouvement. Sa mégalomanie le fit s'auto-proclamer président provisoire de l'Empire d'Afrique.
Les musulmans noirs
Les Black Muslims, officiellement la Nation de l'Islam sont une organisation nationaliste noire quasi-religieuse. Son dirigeant Elijah Muhammad mort en 1975 représentait pour beaucoup d'Africains américains le messie qui les libérerait du servage.
La Nation de l'Islam a pour objectif affirmé un foyer national afro-américain. Mais c'est un objectif qu'Allah en personne réalisera. En attendant Elijah Muhammad, messager d'Allah jouait le rôle de chef religieux et politique.
La nation noire selon lui se composait des populations noire, jaune et rouge sur la planète qui ont en commun d'être opprimées. La Nation de l'Islam représente le peuple élu dans la nation noire. Les musulmans noirs rejettent leurs noms américains et adoptent des noms africains.
Malcom X alias Malcom Little converti à l'Islam se trouva vite en désaccord avec Elijah Muhammad à qui il reprochait un style de vie peu en rapport avec son message religieux. Il rompt avec la Nation de l'Islam, fonde sa propre mosquée musulmane en 1964 puis l'Organisation pour l'unité afro-américaine. Refusant l'alternative entre integrationnisme et séparatisme, Malcom X se plaça sur le terrain idéologique de l'anticapitalisme. Le racisme ne pouvait disparaître qu'en détruisant le capitalisme américain.
Les Panthères Noires
Ce Parti fondé en 1966 est l'héritier spirituel de Malcom X. Il vise à organiser la communauté pour la lutte des classes et l'autodéfense. En butte à la répression et aux raids policiers, il ne survivra pas longtemps et ses dirigeants connaîtront la prison ou l'exil (Bobby Seale, Eldhige Cleaver). Les Panthères Noires avec leur goût du spectaculaire, des uniformes et des armes ont effrayé l'Amérique blanche. Mais leur tentative de rassembler dans la lutte révolutionnaire tous les opprimés de L'Amérique n'a eu qu'un succès éphémère (Panthères blanches, Parti Socialiste Porto Ricain, Young Lords etc...) Elle témoigne néanmoins des déceptions engendrées par l'échec sur le terrain de l'application de la législation sur les droits civiques de 1964. Si la ségrégation de Jure n'existe plus, la ségrégation de facto dans les ghettos du Nord comme dans le Sud profond continue d'exister.
Les Africains américains aujourd'hui
Le sous-prolétariat des villes.
Aujourd'hui la communauté noire se compose d'une classe majeure et d'un sous-prolétariat (underclass) entre lesquels l'écart ne fait que se creuser. Ceux qui sont restés dans les ghettos urbains vivent dans des conditions inimaginables à l'aube du XXIème siècle, logements vétustes et insalubres, écoles de qualité inférieure, familles désunies, grossesses précoces, délinquance liée à la drogue, prolifération du sida, etc... Notre propos n'est pas ici d'analyser les causes de cet État de fait et les solutions possibles, mais simplement de souligner l'abîme infranchissable entre les deux composantes de la société noire. Seuls les musulmans noirs arrivent là où ils sont bien implantés à faire battre en retraite les trafiquants de drogue. Le nouveau dirigeant noir Lewis Farakhan, musulman noir, attire les foules quand il appelle au séparatisme noir et à compter sur ses propres forces. Son antisémitisme a certes gêné la campagne du révérend Jesse Jackson pour les primaires des élections présidentielles de 1988. Son message est simple et passe bien: instruisez-vous, ne prenez pas de drogues, travaillez dur, créez des entreprises, vendez des produits faits pour les consommateurs noirs et soyez fiers d'être Noirs. Le revers de la médaille l'antisémitisme ne choque pas les Noirs des ghettos. L'actualité récente montre que la cohabitation au moins à New York entre Juifs et Noirs devient conflictuelle.
La bourgeoisie noire
Il faut être prudent sur les termes et peut être parler d'une classe moyenne noire plutôt que d'une bourgeoisie. 2/5 des Noirs en font partie bien que pour les mêmes professions les revenus soient inférieurs à ceux de leurs homologues blancs et les possibilités de développement d'une vraie bourgeoisie noire seront réduites à l'avenir si la politique dite "d'action positive" (affirmative action) est abandonnée. Cette politique imposant des quotas d'embauche de représentants de groupes minoritaires tels les Noirs aux entreprises travaillant pour le gouvernement fédéral a permis à la classe moyenne noire d'accroître ses effectifs. Elle a eu aussi l'effet pervers de mettre en concurrence sur le marché de l'emploi des groupes ethniques raciaux et sexuels. Les Blancs, les Noirs et le gouvernement dans leur majorité n'en veulent plus.
Chez les cadres d'entreprises les Noirs sauf exception n'accèdent qu'à des fonctions moyennes. Les préjugés raciaux sont tenaces dans le monde des affaires, la promotion sociale marche mieux dans l'armée. Ce n'est pas étonnant puisque la police et l'armée sont les institutions où l'intégration raciale est la plus importante.
L'intégration mythe ou réalité ?
En général les Américains blancs sont opposés à la discrimination raciale sauf quand elle les concerne directement. Les barrières sociales continuent d'être un obstacle à l'essor économique de la classe moyenne noire. Les Noirs qui en ont les moyens ne peuvent toujours pas louer ou acheter une résidence où bon leur semble ni a fortiori envoyer leurs enfants dans de bonnes écoles. Si les Noirs et les Blancs se mélangent sur le lieu de travail, ils ne se rencontrent pas socialement. Ils sont collègues mais pas voisins. Ils ont toujours le sentiment de n'être pas acceptés. Selon un sondage de janvier 1991 la plupart des Blancs pensent que les Noirs sont paresseux, moins intelligents et moins patriotes que les Blancs. La paranoïa a gagné les Noirs aussi, selon un autre sondage, 29 % des Noirs pensent que le sida a été propagé par les Blancs pour les éliminer physiquement.
Le retour dans le Sud
Entre 1910 et 1970, 6,5 millions de Noirs ont fuit vers le Nord pour échapper à la discrimination raciale, trouver de meilleurs emplois et assurer à leurs enfants une meilleure instruction. En janvier 1990, le bureau des statistiques américain a révélé que pour la première fois depuis plus d'un siècle le pourcentage de la population noire vivant dans le Sud a augmenté, passant de 52% en 1980 à 56% en 1990. Cette croissance est tout à fait symbolique et ce mouvement de retour est sans précédent dans l'histoire des USA. De l'avis des intéressés les préjugés raciaux sont plus sournois en pays yankee que dans le Sud. Si les Blancs du Sud n'ouvrent pas encore leur c&brkbar;ur aux Noirs, au moins savent-ils y mettre les formes. Il est encore trop tôt pour dire s'il s'agit d'un phénomène durable. Si cela était le cas la physionomie du pays s'en trouverait chamboulée.
L'Afro-centrisme, avatar du pluri-culturalisme
L'afro-centrisme est un séparatisme culturel. Son objet est de créer une histoire séparée pour et par les Africains américains. Il s'agit de dénier aux Européens et aux Blancs, une position centrale dans l'histoire de l'Amérique et de l'humanité en général. Léonard Jeffries, directeur du département d'études noires à la City University de New York parle d'une conspiration contre les Noirs à laquelle outre le système d'éducation seraient mêlés la Mafia et les producteurs de cinéma juifs (sic!). Inspirés par l'afrocentrisme les parents d'élèves dans certaines écoles demandent un enseignement multiculturel mettant en valeur la contribution de toutes les ethnies négligées dans le système éducatif américain. L'afrocentrisme critique le racisme de la pensée occidentale et reconstruit pour les Africains américains l'histoire du monde en réaffirmant la prééminence des civilisations africaines. Mais les afrocentristes vont plus loin: ils font de l'Egypte une civilisation noire reprenant ainsi la thèse bien connue de l'historien sénégalais Cheikh Anta Diop, à l'origine de la civilisation grecque donc européenne. Il est contradictoire de dénoncer la civilisation occidentale blanche comme raciste et en même temps d'affirmer que les civilisations noires en sont à l'origine. Des afro-centristes modérés comme Henry Louis Gates Jr refusent la prétention à l'universalité de la culture régionale anglo-américaine. Alors que Lesmond Jeffries en prétendant que la mélanine est un facteur déterminant de la personnalité se fait taxer de raciste dans le sens où il croit que la race ou le sang détermine la destinée. Il est significatif de noter que les afro-centristes appartiennent en général à la classe moyenne instruite qui se sent exclue de la société américaine blanche et qui ne croit plus à l'intégration.
Le brunissement de l'Amérique
Au XXIème siècle les Blancs seront dépassés par les non-Blancs aux USA. Déjà 1 américain sur 4 est hispanique ou non-blanc. Vers 2020 cette proportion, selon les experts aura doublé.
Qui sont les Hispaniques ?
Ce terme passe-partout désigne les Portoricains, les Cubains et les Dominicains, les Chicanos du Mexique ou les Américains d'Amérique centrale. Ils sont ethniquement très divers puisqu'ils comptent des Espagnols purs ainsi que des Aztèques, des Mayas et d'autres peuples amérindiens plus ou moins métissés.
Les différences sociales sont aussi énormes entre les Cubains qui ont fait fortune en Floride après avoir fui la dictature de Fidel Castro et les Mexicains pauvres et sans papiers qui traversent en grand nombre le Rio Grande attirés par la prospérité des USA. Quant aux Portoricains de par leur statut, ils sont de droit des citoyens américains. Ils ont tous en commun de parler le castillan, de pratiquer la religion catholique, et d'être attachés à la famille.
Si on met l'accent sur leurs caractéristiques communes on peut dire qu'après les Noirs, c'est la minorité la plus importante aux USA (20 millions au moins aujourd'hui). Ils les dépasseront probablement au XXIème siècle. 34% vivent en Californie, 21% au Texas, 10% à New York et 8% en Floride.
L'échec de l'assimilation
Jusqu'ici l'assimilation des Hispaniques à l'Amérique blanche de langue anglaise et à son modèle culturel a été un échec relatif.
D'abord la question de l'immigration illégale empoisonne les relations entre les États-Unis et le Mexique. Les illégaux vivent dans la crainte d'être pris par les officiers de l'immigration et pourtant les agriculteurs californiens sont bien contents de pouvoir trouver cette main d'&brkbar;uvre docile pour des travaux que ne veulent plus effectuer ou alors à prix d'or, les citoyens américains.
L'assimilation est difficile pour une autre raison, linguistique celle-là. Les Hispaniques peuvent-ils réussir économiquement et conserver leur langue ? Les programmes d'enseignement bilingue qui ont été mis au point dans les années 70 pour les enfants hispaniques n'ont fait que perpétuer l'usage du castillan et le taux d'échec scolaire de ces jeunes est avec celui des Noirs un des plus élevés. Le nombre d'Hispaniques qui ne parlent pas l'anglais ne fait que croître. A San Antonio, à Los Angeles, à New York, à Spanish Harlem on entend beaucoup plus le castillan dans la rue que l'anglais.
Quand au Sud de la Floride avec Miami c'est un nouveau Cuba. Les plaques de rue les panneaux de signalisation sont bilingues Cette situation linguistique nouvelle pour les États-Unis provoque des réactions chez les "Anglos".
C'est exagéré, 1% seulement des investissements aux États-Unis sont japonais. Les Japonais américains installés aux États-Unis depuis plusieurs générations furent internés pendant la Seconde Guerre mondiale et se virent confisquer leurs biens. Ils vont presque un demi-siècle après la fin de la guerre, obtenir réparation. Les Vietnamiens sont venus en masse depuis la fin de la guerre du Vietnam dans les valises de l'armée américaine ou comme "boat people". Les Philippins, les Coréens et les ThAÏs sont aussi bien représentés. Les Asiatiques ont tendance à rester entre eux et à préserver leurs traditions culturelles. Mais la deuxième génération réussit de manière spectaculaire. Un exemple significatif : en 1988, 24% des nouveaux étudiants de la prestigieuse université de Berkeley étaient asiatiques. Le chiffre des docteurs en sciences et ingénieurs de haut niveau d'origine asiatique est bien supérieur à l'importance démographique modeste de ces communautés à l'échelle des États-Unis (environ 5 millions dont 1,3 million de Chinois, 1,5 million de Philippins, 3 millions d'Asiatiques vivent en Californie dont 400 000 Vietnamiens).
La réussite économique des Asiatiques ne contribue pas à améliorer les rapports entre eux et les Noirs comme on l'a vu récemment à New -York où dans les ghettos, des épiciers coréens ont été attaqués.
Les Asiatiques pour l'instant de par leur faible importance numérique et leur volonté de réussite économique ne remettent pas en cause le bastion culturel anglo-saxon.
La nouvelle nation américaine était en fait un avatar de la nation anglaise par la langue, les idées et les institutions. Mais la diversité des origines ethniques et raciales des immigrants accueillis au XX ème a rendu la composition ethnique de la population américaine différente de celle de la Grande Bretagne et a donné naissance au culte de l'ethnicité. L'ethnicité est un concept ambigu. Il peut simplement s'agir d'intégrer à la culture anglo-américaine dominante depuis l'indépendance des États Unis les apports culturels de ceux qui ne sont pas blancs anglo-saxons et protestants. Ou bien alors la prétendue nation américaine est composée de groupes raciaux et ethniques jaloux de leur identité qui refusent l'assimilation et l'intégration. Si ces différences culturelles sont irréductibles, on cherchera à développer entre des groupes distincts un modus vivendi, le pluralisme culturel. En principe le pluralisme culturel exclut l'assimilation comme le séparatisme.
Le pluralisme culturel ou coexistence pacifique entre ethnies a commencé à s'avérer difficile lorsque des groupes à forte identité culturelle ont refusé comme les Hispaniques d'abandonner leurs valeurs.
Le pluralisme culturel n'a pas réussi. Pays créé par et pour des Blancs, l'Amérique n'a jamais véritablement accepté d'intégrer les Noirs, Indiens et autres non-Blancs. La question est de savoir si on peut avoir deux identités à la fois : Américain et Chinois, Américain et Africain, Américain et Cubain.
Les Irlandais et les Italiens dont l'identité culturelle relève du folklore, peuvent être considérés comme des Anglo-américains assimilés.
Chez les Américains de souche africaine, la question est plus controversée. Le séparatisme culturel touche plus la classe moyenne noire que les ghettos, qui sait s'il ne débouchera pas un jour sur un séparatisme territorial ? L'historien et universitaire américain Arthur Schlessinger opposé aux tendances séparatistes parie qu'entre être américains et autre chose, la plupart des Américains issus de groupes minoritaires choisiront l'identité anglo-américaine. Il en veut pour preuve les mariages interethniques, interreligieux et interraciaux. Il faut éviter l'optimisme ou le pessimisme exagérés. Nul ne peut encore dire si les États Unis survivront et pour combien de temps dans leurs structures actuelles.
Le personnel politique
Un bon indicateur de la capacité d'intégration de la société anglo-américaine blanche est l'origine ethnique du personnel politique américain. Aux échelons moyens et inférieurs l'intégration semble réussie pour les non-Blancs et même progresser pour les Noirs, après il est vrai une absence presque totale de la scène politique jusqu'aux années soixante. Aujourd'hui encore les Africains américains ne représentent que 1,5% des élus au niveau fédéral, local et Étatique, alors qu'ils sont 11% des électeurs potentiels.
L'augmentation du nombre des élus noirs est liée aux progrès de la classe moyenne noire et à leur acceptation par l'électorat blanc. Mais dans une société polarisée sur le plan racial, ils n'ont pas le droit à l'erreur. L'élection à la présidence des États Unis d'un Noir, d'un Hispanique ou d'un Asiatique n'est pas pour demain. Les présidents élus ont presque tous été jusqu'ici Anglo-saxons protestants à l'exception notable de John Kennedy catholique d'origine irlandaise. Malgré deux tentatives, le révérend Jesse Jackson n'a jamais pu gagner les primaires du Parti Démocrate. De toutes façons opposé à un républicain comme Bush il n'aurait aucune chance d'être élu même s'il mobilisait tous les Noirs y compris les abstentionnistes.
Le morcellement des USA vu par François Fontan
Les lecteurs de l'Atlas des futures nations du monde auront été frappés par la carte de l'Amérique du Nord, page 30. Elle mérite une explication. François Fontan pariant sur l'éclatement des États Unis, construction artificielle aux antipodes de l'ethnisme a proposé des répartitions territoriales révolutionnaires. La faible population des nations indiennes ne permettrait pas de leur accorder la totalité d'un territoire pour l'essentiel vide au début de la colonisation. Par ailleurs il convenait d'accorder un territoire aux deux ethnies sénégalaise et Kwa dont sont issus les descendants des esclaves africains. Cela ne devrait pas théoriquement être trop difficile puisque plus de la moitié des Africains-américains sont concentrés actuellement dans le Sud profond. Craig Washington député noir du Sud a proposé au Congrès américain un compromis historique : une réparation monétaire payée aux Noirs pour compenser l'oppression qu'ils ont subie pendant des siècles. En contrepartie, tous les programmes de préférence raciale comme l'Action Positive seraient abolis. Chaque famille de 4 personnes recevrait 100 000 dollars. Après tout, les Allemands ont bien versé les réparations aux survivants de l'Holocauste. Pourquoi ne pas utiliser cet argent pour financer l'installation sur un territoire indépendant dans le Sud, des Noirs qui vivent dans les ghettos sans espoir du Nord ?
Pourquoi accorder un si vaste territoire aux Polonais et aux Néerlandais ?
Les Polonais se sont beaucoup moins bien intégrés que les Irlandais et ont recréé la Pologne en Amérique. Ils ont leurs églises, leurs écoles, leurs banques, leurs fraternités et leurs clubs culturels. Il est possible de passer une vie entière en Amérique en milieu purement polonais.
Depuis les années vingt, les Polonais sont concentrés entre les Grands Lacs, la ligne Mason-Dixon et l'Ohio et le Missouri et plus particulièrement dans les grandes villes comme Pittsburgh et Chicago. Même s'ils ont gardé peu de traditions de leur patrie d'origine, les Américains-polonais se considèrent avant tout comme Polonais. Les Polonais ont tendance à perdre plus lentement que les autres groupes ethniques l'usage de leur langue.
Les Hollandais
La présence hollandaise en Amérique est antérieure à la présence anglaise dans les vallées des fleuves Hudson et Delaware, où vivaient d'après le premier recensement fédéral de 1790,100 000 personnes de cette origine. Au milieu du XlXème siècle, 250 000 néerlandais et leurs familles émigrèrent aux États Unis. Ils s'installèrent au bord du lac Michigan, dans l'Iowa et le Wisconsin. L'émigration connut des hauts et des bas, pour se tarir pratiquement entre 1931 et 1945 et connaître une expansion éphémère juste après la Guerre. L'Église a joué un rôle important dans le maintien de la langue. Dans les paroisses multi-ethniques et les zones urbaines, les Néerlandais perdirent vite leur langue et leur culture. En revanche dans les communautés calvinistes isolées du Middle West, la langue (néerlandais et aussi frison) a survécu plus longtemps. La langue a reculé dans les années soixante et il est difficile en l'absence de statistiques fiables de dire combien de Néerlandais continuent de parler leur langue à titre privé.
La conscience nationale des Néerlandais aux États Unis a connu son apogée entre 1900 et 1920 avec la guerre des Boers en Afrique du Sud et la Première Guerre mondiale. Elle a connu un renouveau dans la troisième et quatrième génération, grâce à l'augmentation de l'immigration en provenance des Pays Bas et la résurgence de l'ethnisme aux États Unis dans les années soixante.
Les Néerlandais ont donné trois présidents aux États Unis : Théodore Roosevelt, Franklin Roosevelt et Martin Van Buren.
Pourquoi les Chinois ne figurent-ils pas sur la carte ?
Les Chinois d'Outremer ne sont pas des chinois ethniques Han, mais appartiennent à deux peuples de l'État chinois, les Yués ou Cantonais et les Mins ou Taïwanais. Quant aux Japonais, ils ont un territoire qui correspond à leur implantation géographique.
Cette carte peut surprendre mais elle est une contribution au débat sur l'avenir de ce qui reste encore à la dernière superpuissance mondiale.
Jean-Pierre Hilaire 1991
La réserve navajo qui compte 160 000 habitants sur 65 000 km2, à cheval sur l'Arizona, l'Utah et le Nouveau Mexique, est la plus importante et la plus riche des États-Unis en ressources minérales (charbon, pétrole, uranium et gaz naturel). Peter Mac Donald, président du Conseil tribal de 88 membres qui dirige la tribu a été "remercié'' en novembre 1982 par un vote majoritaire de la tribu en raison de sa trop grande souplesse avec les Blancs. Son adversaire et successeur Peterson Zah a promis d'arrêter l'exploitation des ressources naturelles ou tout au moins de renégocier des contrats qui permettent par exemple à une société minière de payer le charbon à la tribu, 15 cents la tonne pour le revendre 20 dollars. Sa tâche est difficile dans la mesure où il doit trouver un juste milieu entre les anciennes traditions navajo de respect pour la terre et la nécessité du progrès économique dans une réserve où le chômage touche 80 % de la population active et où l'alcoolisme est un fléau. La nation navajo qui a su préserver son identité culturelle (les débats du Conseil tribal se font en navajo et en anglais, le navajo s'écrit et les danses sacrées restent réservées aux initiés et interdites aux non-Indiens) est un bon exemple de tous les problèmes auxquels doivent faire face les réserves indiennes aux USA dont les valeurs traditionnelles ne sont guère compatibles avec les lois du marché chères à Ronald Reagan.
Jean-Pierre Hilaire 1983
Il y a aux États-Unis, d'une part une ethnie dominante et majoritaire : les Anglais ; d'autre part certaines ethnies soumises à l'assimilation et à la domination anglo-saxonne, les unes sont autochtones, plusieurs nations amérindiennes peu nombreuses mais qui, existant toujours en tant que telles, on droit à un territoire : Sioux, Irokwas,
Muskogis, Nadénés, Asteks ; les autres sont comme les Anglais émigrantes aux États-Unis, certaines ayant un emplacement territorial bien déterminé : Espagnols, Français, Néerlandais et dans une certaine mesure Polonais, qui ont droit aussi à un territoire, il y aussi les Noirs qui ont peuplés un certain territoire, et il y a enfin une foule de populations diverses qui n'ont pas d'implantation géographique spécifique.
Le problème qui se pose avec le plus d'acuité actuellement aux États-Unis est la lutte des Noirs : nous sommes en accord avec la position des nationalistes séparatistes noirs, les Noirs ont droit à un État indépendant dans le Sud des États-Unis. La position de l'intégration est la position colonialiste anglaise, et il y a au moins un parti noir qui semble avoir très clairement ce but, c'est le Parti de la nouvelle Afirque. Mais il faut préciser que les Noirs des États-Unis sont de deux ethnies distinctes : Sénégalais et Kwas (qui étaient dans des colonies françaises et espagnoles des États-Unis, on en trouve en Louisiane qui parlent encore créole, les Kwas peuplent aussi les Antilles). Il doit donc y avoir deux territoires noirs. Les langues de ces deux nationalités ont été perdues récemment (19ème siècle), il y a donc pour elles le double problème du territoire et de la renaissance linguistique. D'autre part, on peut se demander dans quelle mesure certaines divergences entre organisations noires ne correspondent pas à des différences d'appartenance ethnique. Un degré plus développé de conscience nationale chez les Noirs des États-Unis le montrera plus clairement.
Actuellement, des Noirs des grandes villes du Nord commencent à acheter des terres dans le Sud, et il y a un début de retour qui est voulu par les organisations politiques noires.
Avec les phénomènes de retour aux religions, les correspondances ethniques sont nettes : les musulmans noirs se sont développés parce que la masse des Noirs des États-Unis sont originaires du Sénégal, majoritairement musulman ; pour les Kwas, c'est le vaudou qui est la religion nationale (surtout dans les Antilles), syncrétisme des religions du Dahomey avec le christianisme.
Il y a aussi une volonté de retour à une langue africaine, mais on ne sait pourquoi c'est le swahéli qui a été choisi, langue qui n'a rien à voir avec leur origine. Mais il y a déjà le désir d'apprendre une langue africaine, ce qui n'existait pas auparavant, c'est un signe d'évolution...
François Fontan 1971
A New-York, en Floride, en Californie, au Texas, dans l'Arizona et le Nouveau Mexique, les Chicanos (Hispano-américains, pour la plupart d'origine indienne) battent en brêche la suprématie des anglophones. On estime généralement qu'ils seront 50 millions en l'an 2000. En Californie, le bilinguisme anglo-espagnol est déjà une réalité. Plus de vingt villes dans l'Ouest des U.S.A. ont des stations de radio et de télévision en langue espagnole. Selon les démographes, les Chicanos seront majoritaires à Los Angeles en 1992. Cependant leur situation est encore précaire ; ils vivent entassés dans des ghettos où le chômage et la criminalité sont élevés, et se sentent rejetés par les Anglo-saxons. Ronald Reagan qui connaît bien le poids présent et futur de cette communauté grâce à son expérience de gouverneur de la Californie attache la plus grande importance aux relations avec le Mexique, qui présente aussi l'intérêt d'avoir des réserves de pétrole potentiellement plus importantes que celles de l'Arabie Séoudite.
La communauté juive noire américaine (hassidique) compterait entre 30 et 90 000 membres. Elle a des synagogues a New YOrk, Washington, Philadelphie, Chicago, et dans l'État du New Jersey. Ses membres sont, en général, des ouvriers. Dans ses centres socio-culturels, un enseignement en hébreu et en yiddish est assuré. Ces Juifs noirs préfèrent être appelés Hébreux éthiopiens, par référence a leur origine supposée être en Ethiopie. En celà, ils ont des affinités avec les Rastafarians noirs des Caraibes ; ils sont donc dans une position ambigüe par rapport aux autres Negro-américains et aux Hébreux ; et le retour de quelques 1 500 d'entre eux en Israël a provoqué une crise qui n'a pas encore été résolue. On attend la décision définitive du ministère de l'Intérieur. Dans la communauté noire aux U.S.A., majoritairement chrétienne et portée sur l'antisémitisme, la présence de Juifs noirs provoque un malaise. Pour les racistes blancs, c'est une cible rêvée.
Jean-Pierre Hilaire 1981