ALGERIE

République algérienne démocratique et populaire
Capitale : Alger
Superficie : 2 381 741 km2
Population : 25 337 000 hab.

Situation actuelle 1992 : la crise

Le problème crucial pour l'Algérie est celui de sa capacité à développer son économie, sans renoncer à son identité. Après l'indépendance, le modernisme a été un produit d'importation que l'état FLN a été incapable d'assimiler de manière autonome et autochtone : ni une économie, ni une identité moderne n'ont été instaurées. Une poignée de gens s'est enrichie, laissant le pays s'engluer dans le marasme et une bonne partie des forces vives s'est expatriée, contribuant ainsi à la pérennisation des structures inadaptées. Le clivage entre un modernisme mal greffé et la société archaïque s'est accentué.
Aujourd'hui, la réponse ou plutôt, la conséquence réactionnelle de ce marasme s'appelle le FIS, c'est à dire :
Le traditionalisme poussé jusqu'à la caricature et la certitude absolue de ne jamais sortir du gouffre, sinon par une éventuelle Guerre Sainte et l'invasion de l'Europe du sud!
Le maintien de l'armée au pouvoir peut garantir la survie d'un système, mais pas indéfiniment cependant et sans assurer en tout cas, l'indispensable rénovation du système socio-économique et de la vie culturelle. La perpétuation du mythe de la guerre d'indépendance, le refus d'assumer la profonde berbérité  historique et sociologique, l'incapacité à définir une identité bi-, voire tri-culturelle pour le français, ont conduit à la crise actuelle, le seul problème devenant celui du maintien de l'ordre.

Analyse et proposition ethniste

Proposer des solutions au problème national dans ce contexte est pratiquement impossible, pour au moins 3 raisons :
- par absence de tradition d'autonomie des nationalités dans le contexte islamique.
- par incapacité et difficulté de la société berbère à se définir comme telle (ambiguïté humaine et territoriale), donc de développer une conscience nationalitaire qui oblige nécessairement l'autre, voire l'étranger à se situer (au contraire des Kurdes) dans l'acceptation ou le refus.

Le FIS rejetant ces trois perspectives, ne saurait être considéré comme un interlocuteur valable D'autant qu'il est inexistant dans la zone où le berbérisme est majoritairement fort (Kabylie).
Le projet régionaliste du FFS correspondait assez à la réalité socio-politique algérienne mais le poids du FIS, clandestin ou non, l'a rendu caduc.

La question des Touaregs
Si la situation devait s'aggraver, on pourrait envisager des pressions internationales pour  régler au moins le problème targui au Sahara, qui est dramatique et concerne plusieurs états. Une solution d'autonomie saharienne doit être mise en oeuvre. Elle obligerait les quatre états se partageant le domaine targui, à accorder à leurs ressortissants touaregs l'autonomie personnelle et collective.  Celle-ci leur permettrait d'assumer au mieux leur identité en définissant par eux-mêmes les voies de leur développement économique et culturel, dans un cadre de libre association et de libre circulation transfrontalières. Leur centre pourrait être fixé à Tamanrasset (Algérie). Cette population jouirait ainsi de la reconnaissance internationale, sans constitution étatique. La cogestion du territoire et des ressources devrait être fixée par contrat entre les Touareg et leurs états tuteurs ; il faudrait dégager d'importantes ressources afin de permettre l'inévitable sédentarisation sur le territoire targui et le rapatriement des Touaregs établis plus au sud. Réalisé sur de telles bases, cet accord permettrait d'éliminer une source de tensions internes et internationales (pour au moins quatre états).
On peut par ailleurs envisager l'autonomie, voire l'indépendance pour la Kabylie si la situation l'exigeait (prise du pouvoir par le FIS), mais elle reste valable en toute situation, quoique contraire aux intérêts kabyles immédiats et à plus long terme.

Quelle issue?
A l'heure actuelle, les perspectives d'un retour à la démocratie balbutiante de 1991 sont nulles. L'affrontement se situe sur le plan militaire entre l'Armée de Libération Nationale et le Groupe Islamiste Armé. La bureaucratie issue de l'indépendance est complètement disqualifiée. Le Front Islamique du Salut s'est divisé sur la nature des rapports à instaurer avec l'Etat. Les partis démocratiques sont trop faibles pour envisager d'exercer le pouvoir à court ou moyen terme. Les pays environnants ou influents ne sont pas en mesure d'indiquer une autre alternative. Le seul choix s'effectuant  apparemment entre deux dictatures, la situation est totalement bloquée.

Il semble cependant, qu'il existe une issue. Elle réside dans une politique de rupture avec le régime précédent. Il faut pour cela que l'armée garante de l'arabité, de l'unité et des frontières du pays s'associe au pouvoir avec la seule force sociale capable de redresser économiquement le pays : l'ensemble des forces vives kabyles. C'est à elles que doit être confiée la conduite de l'économie. Marginalisées après l'indépendance, elles doivent pouvoir exprimer aujourd'hui leurs immenses potentialités
L'avantage est qu'elles seront en mesure de mobiliser derrière elles, les éléments arabes de progrès à la recherche d'une nouvelle voie vers la laïcité et la démocratie. Mais en contrepartie, il faudra accorder l'autonomie régionale à la Kabylie. Le seul choix se situe donc entre une guerre civile prolongée ou une révolution dans les mentalités et la psychologie politique des Algériens.

Jean Louis Veyrac 1994


Algérie 1994

La poussée islamique, sans minimiser l'influence iranienne, renoue avec une vieille tradition de l'lslam algérien, tradition spirituelle dont le rôle a été important en Afrique, et tradition de résistance au colonialisme avec la figure d'Abd el Kader. L'lslam aujourd'hui fait face à la menace d'acculturation venue de France ou des USA, comme il le faisait du temps de la colonisation française. Le caractère plutôt laïc de l'État sous Houari Boumedienne a laissé un vide spirituel que s'empressent de combler ceux que leurs adversaires appellent globalement "Les Frères musulmans". En 79 et 80, les intégristes, souvent alliés aux nationalistes arabes, ont violenté les marxistes et les berbéristes. Le gouvernement a décidé d'être présent sur le terrain idéologique en construisant mosquées et écoles coraniques contrôlées par lui.
La police algérienne affirme avoir infiltré et neutralisé fin janvier dernier des intégristes qui allaient perpétrer des attentats .
La question est de savoir si ces mesures suffiront à juguler le danger intégriste.

J.P. Hilaire LUGAR N° 22 (octobre 1984)

carte

tableau des populations, ethnies, langues, religions

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