Il était une fois un homme assis sur un banc qui pensait à la théorie du chaos sur laquelle il venait de lire un ouvrage.
Il pensait : oui, c'est vrai, une idée c'est comme un objet c'est un élément qui rentre dans une tête, dans les têtes,dans ma tête comme en ce moment et il sourit.
Ensuite cette idée se transforme en théorie, ensuite en la connaissance de cette théorie et "la théorie du chaos" se transforme elle-même en papillon ou en attracteur étrange. Elle peut agir d'une manière inattendue pour augmenter ou diminuer les chances de changer l'avenir.
Cela lui plut et il continua à y réfléchir en regardant cette fois une grande flaque provenant d'un camion qui avait vidangé son huile sur le sol et qui coulait doucement devant le banc sur lequel il était assis.
Il se mit à observer la flaque et à penser à la théorie du chaos.
Dans cette flaque d'huile il y a des centaines de bulles en mouvement. L'une représente la "politique extérieure", une autre " la peur des autres", une troisième le PNB, une quatrième l'économie et la capacité d'exporter du Burkinafasso. Toutes ces bulles et des milliers d'autres ont des dynamiques propres et sont toutes en marche en même temps : nous avons là une situation chaotique un imprévisible prévisible.
Il pensa alors : ainsi, quand la violence paraît dans un pays, il ne faut pas en chercher les causes dans le déterminisme politique mais dans la bulle qui en grossissant a fini par éclater en englobant une autre bulle.
Il pensa : si on pouvait observer en une heure, cent ou mille ans de mouvements des peuples (communautés linguistiques) du monde (immigration, invasion, colonisation, sédentarisation, expansion) cela ressemblerait plus aux mouvements de cette flaque d'huile dans de l'eau qu'à la situation ordonnée qu'on nous enseigne à l'école. Et il pensa aussi : et si les Russes (joueurs d'échecs du KGB) avaient sciemment abandonné le marxisme non pas pour le libéralisme mais pour la théorie du chaos ?
Et alors il se demanda s'il y avait un moyen de pénétrer dans le champs du chaos.
Il pensa : tant que sur la table il y avait 30 poires, 10 pommes, 5 paniers etc. toutes les opérations pouvaient être pré-visualisées. Mais aujourd'hui il y a plus de trente millions d'opérateurs et parmi les opérations se glissent des idées de serpents qui se mangent la queue, d'associations anti-humaines, d'associations protectrices du prion, et l'ensemble bouge comme ces bulles d'huile sur cette route.
Que se passerait-il si les individus qui ont du pouvoir réussissaient à comprendre et à contrôler et diriger le chaos ? Cela changerait-il leur perception du monde ? L'histoire des hommes est bâtie sur une suite d'instants d'inattendus qu'on explique après. Il n'y a pas un scénario mais un millions, et dans l'un, la couleur de la cravate du président Mugabe joue un rôle primordial.
Aujourd'hui pour savoir ce qui va se passer en Chine il faut prendre en compte le taux d'adrénaline de la population, l'air ambiant à San Francisco, et les 70 armes nucléaires qui se baladent en Crimée.
C'est vrai pensa t'il, à chaque fois il y a eu un attracteur étrange.
Il repensa alors au détail imperceptible qui, il y a sept jours avait enclenché le processus qui l'avait amené sur ce banc. Et pendant qu'il était ainsi plongé dans ses pensées, l'une de ces bulles réagit autrement et il comprit alors que la complexité des complexités des complexités est simple.
La totalité des complexités pouvant être réduite à, appelons cela x. Il se baissa alors et mit avec soin dans un petit flacon jaune une petite partie de la rigole d'huile qui coulait encore à ses pieds.
Ensuite il écrivit à la CIA et au KGB pour leur faire savoir
ce qu'il avait fait et, du jour au lendemain les tensions se firent moindres.